La chanteuse de soul militante Mavis Staples, un documentaire sur les racines de la musique populaire américaine, un hommage à l'écrivain Aharon Appelfeld mort cette semaine
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
“If All I Was Was Black”, extrait du dernier album de Mavis Staples, un "disque d’urgence" comme l’explique la chanteuse, militante historique du mouvement des droits civiques, qui renoue avec la veine des Protest Songs et dont les chansons plongent aux sources de la musique populaire américaine.
Ces racines de la musique populaire des Etats-Unis sont d’ailleurs au cœur d’un documentaire diffusé lundi dernier sur Arte et intitulé American Epic, qu’on peut regarder dans la foulée en replay pour prolonger le plaisir et comprendre d’où vient la musique de Mavis Staples. Dans les années 1920, les chanteurs se nommaient Jimmie Rodgers, Charley Patton, La Carter Family, Edler Burch, Lydia Mendoza, ou John Hurt, autant de noms quasi oubliés aujourd'hui et qui pourtant infusent encore nombre d’interprètes et de genres musicaux actuels, des musiciens découverts par des industriels du disque qui avaient besoin de dénicher de nouveaux talents pour faire face à la nouvelle concurrence de la radio à la fin des années 20. Merci la radio donc si le blues, le gospel, la country, la musique latino se sont popularisés !
Et enfin on pourrait mettre à profit ce dernier week-end de vacances et premier de l’année 2018 en lisant ou en relisant un roman de Aharon Appelfeld, mort jeudi dans cette journée noire pour la littérature qui a aussi perdu deux figures de l’édition, Bernard de Fallois et Paul Otchakovsky-Laurens. Appelfeld était sans conteste l’une des plus grandes plumes israéliennes contemporaines, même s’il est réducteur et inutile de le cantonner à son pays d’adoption tant sa voix touchait à l’universel. Et il était aussi ce qu’on appelle d’une façon désuète « une grande conscience de notre temps ».
Aharon Appelfeld avait eu une vie inimaginable, un destin fou qu’il avait retracé dans son autobiographie parue en 2004 à l’Olivier, lauréat du prix Médicis étranger, Histoire d’une vie. Il se racontait à nouveau au micro de Laure Adler en 2013 dans un Hors Champs à réécouter sur FranceCulture.fr, et même s’il pensait que les mots étaient « inutiles » après l’expérience de la guerre, il en avait fait la matière même de son œuvre romanesque. Enfant juif de Bucovine, orphelin de mère à huit ans, déporté avec son père dans un camp nazi d’où il s’est évadé seul, en cavale dans la forêt pendant trois ans, recueilli par l’Armée rouge, devenu garçon de cuisine avant d’émigrer en Palestine avant la création d’Israël, Aharon Appelfeld a longtemps nourri son œuvre de son traumatisme d’enfant rescapé de l’enfer et parti vivre sur une terre inconnue, abandonnant sa langue et sa culture d’origine pour en apprendre une autre.
J’avais eu la chance de le recevoir à La Grande Table en 2011 au moment de la parution en français du Garçon qui voulait dormir, cela reste comme une rencontre inoubliable.
Sa vie, il la reconstituait par bribes dans son oeuvre, comme un puzzle dont il manquerait toujours quelques pièces maîtresses. Ce sont des histoires de rêves, de guerre, d’enfance, de langue et de famille, de transmission et d’initiation. Honnêtement, on peut difficilement faire plus fort et plus bouleversant.
On pourrait aussi citer L’Amour soudain, Les Partisans ou le dernier, paru à l’Ecole des loisirs et qu’on peut donner à lire à des adolescents, De longues nuits d’été. On peut les lire au choix, mais moi, je les conseille tous.
A noter que La Grande table d'Olivia Gesbert reviendra ce lundi sur l’œuvre immense d’Appelfeld en compagnie d’Olivier Cohen, son éditeur français et Valérie Zenatti, sa traductrice.
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration