A la rentrée 2013, les IUFM laisseront la place aux Écoles supérieures du professorat et de l’éducation qui organiseront des masters « métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » .
On ne fait pas le procès de ce qui n’existe encore que sur le papier. Toutefois on est en droit de se poser et de poser certaines questions.
La première : est-ce la même chose de former « les futurs enseignants » et de former « les enseignants et personnels d’éducation » ? Si c’est la même chose, cela veut dire que la spécificité du travail de professeur - qui est d’enseigner une discipline - passe après ce qu’il a en commun avec tous ceux qui travaillent dans le système éucatif.
La deuxième : Que deviennent les grandes écoles ? Or les grandes écoles, même si c’est une bizarrerie française, sont l’un des traits de notre système éducatif qui compensent par leur excellence la dégradation de nos universités visible dans les classements internationaux.
Troisième question : les nouvelles écoles du professorat seront des « composantes » des universités. Mais alors les universités détiendront-elles encore la responsabilité des enseignements disciplinaires ?
Quatrième question : les formations d’enseignants iront « de la maternelle à l’enseignement supérieur », Est-ce le retour de la vieille demande du syndicat des instituteurs : « un seul corps de la maternelle à l’université » ?
Enfin, dernier point, les 4 composantes de cet enseignement : • les disciplines • un tronc commun de « culture partagée » par tous les futurs professeurs. • une spécialisation progressive • enfin, des enseignements « orientés vers la pratique professionnelle ».
On voit, petit 1, que l’enseignement des disciplines n’occupe que le quart de la formation. Petit 2, le tronc commun de « culture partagée » : qu’entend-on par là ? L’éducation à l’écologie ? le respect de la couche d’ozone ? La lutte contre le sexisme, le racisme, l’homophobie ? Ce sont des valeurs qu’il faut partager, mais cela ne risquerait-il pas de venir infléchir l’enseignement de l’histoire, ou de la littérature, qui ne sont pas toujours « politiquement correctes » ?
Enfin petit 3 , des enseignements « orientés vers la pratique professionnelle ». Est-ce le retour subreptice des sciences de l’éducation ?
Ma crainte principale concerne ce qu’on appelle « les enseignements disciplinaires »
Pendant longtemps, on a cru, à tort, qu’il suffisait de bien connaître une matière, ou une discipline, pour savoir l’enseigner. C’est évidemment insuffisant, d’où l’essor, à une époque, de formations qui visaient à apprendre aux enseignants comment enseigner* en général* . C’était tout aussi faux : chaque discipline comporte sa propre façon d’être enseignée. Une « discipline » n’est pas une « matière », ou un ensemble de connaissances, c’est étymologiquement une science disposée dans un certain ordre pour pouvoir être enseignée.
Ce que j’aurais voulu c’est que la « matière enseignée » soit au cœur, que tout se règle sur elle, y compris les problèmes relationnels ! Enfin, on va voir…
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