Qui prétend que les Français sont hostiles à l’entreprise ? Selon un sondage effectué par BVA pour i-Télé et Le Parisien en janvier, 54 % d’entre eux estimaient que la politique menée par François Hollande n’était « pas assez favorable aux entreprises » , contre 19 % qui estimaient qu’elle leur était « trop favorable » et 26 % qu’elle était « bien équilibrée ». Qu’est-ce qui a pu provoquer ce retournement de tendance ? Très probablement, l’incapacité du chef de l’Etat à tenir sa promesse d’inverser la courbe du chômage d’ici la fin 2013. Le nombre de chômeurs a, en effet, augmenté de 430 000 depuis l’élection de François Hollande. Les Français savent qu’ils ne peuvent plus compter sur une fonction publique pléthorique, ni sur les emplois aidés, pour créer de vrais emplois. Ils se tournent donc vers les entreprises privées.
C’est le sens du Pacte de responsabilité , annoncé par François Hollande, lors de ses vœux du 31 décembre dernier, dont il devait esquisser le contenu deux semaines plus tard, à l’occasion de sa 3° conférence presse. Aussitôt annoncé, ce pacte était approuvé par 75 % des sondés.
De quoi s’agit-il ? Le concept est simple. Je cite François Hollande : « Moins de charges sur le travail , moins de contraintes sur leurs activités, et, en contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social ». En un mot, un allègement des charges sociales, destiné à favoriser la création d’emplois. Oui, parce que vous avez remarqué que François Hollande, parle de « charges » et non pas de « cotisations ». Quand je m’exprime de cette façon, moi, je me fais reprendre et traiter d’ultra-libéral…
Il y a là un premier malentendu : la décision d’embaucher n’est pas conditionnée principalement par le coût d’un nouveau salarié pour l’entreprise, mais par l’état du carnet de commandes et par les perspectives, comme l’a rappelé le président de la CGPME, Jean-François Roubaud. Lorsque votre successeur à la tête du MEDF, Pierre Gattaz estime qu’une baisse massive des charges pourrait créer un million d’emplois, Laurent Berger réagit avec beaucoup de scepticisme. « **L’emploi ne se décrète pas ** », explique le secrétaire général de la CFDT, qui ajoute : « Il faut que ces allègements soient progressifs et il est hors de question qu’ils servent au versement de dividendes. » En outre, commencer par augmenter massivement les taxes et les impôts, avant de restituer aux entreprises une partie de ce qui leur a été retiré, (20 milliards d’euros sous forme de CICE, plus les 10 milliards supplémentaire d’allègements), n’est guère rationnel. Ce dont les entreprises ont besoin, c’est d’un environnement stable, en particulier sur le plan fiscal.
Mais la vraie question celle qui agite, depuis des semaines, le monde des économistes conseillers du gouvernement ou du patronat tourne autour de la question du ciblage de ces baisses de cotisations sociales. Fallait-il cibler les baisses de cotisations sociales sur les bas salaires , comme cela a été décidé ? Comme l’écrit Yann Algan, « c’est là que l’offre d’emplois est la plus importante et les salaires les moins ajustables ». Dans leur étude pour l’Institut Montaigne, les économistes Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo vont dans le même sens, en estimant qu’une baisse des charges sur les salaires moyens et élevés seraient répercutés en augmentations, sans effets sur l’emploi.
Mais rétorquent d’autres analystes, n’est-ce pas favoriser les PME, où le montant des salaires est faible, et les entreprises de servcies, au détriment des grands groupes industriels, où ils sont plus élevés ? N’est-ce pas sacrifier la compétitivité au retour dans l’emploi du plus grand nombre possible de chômeurs faiblement qualifiés ? Alors que le Rapport Gallois a conclu à la nécessité d’une montée en gamme de l’industrie française, les industrialistes Jean-François Dehecq, Frédéric Saint-Geours et Philippe Varin estimaient, récemment, dans une tribune parue dans Les Echos, qu’il n’était pas raisonnable de « privilégier les secteurs d’activité peu qualifiés et faiblement productifs au détriment des secteurs exposés à la concurrence internationale ». Qu’en pensez-vous, Laurence Parisot ?
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