Les commanditaires de l'attentat terroriste commis contre un club gay de Floride voteraient-ils Donald Trump ?
Lorsqu’un massacre tel que celui qui vient de toucher la communauté homosexuelle de Floride intervient en pleine campagne électorale, comment ne pas réfléchir à l’effet qu’il est susceptible d’avoir sur les intentions de vote; comment ne pas se demander quel effet recherchaient ses planificateurs dans le déroulement de cette campagne. Ce n’est contradictoire ni avec la compassion qu’on doit aux victimes, ni avec l’horreur qu’inspire un crime aussi odieux.
On relèvera que Marco Rubio, sénateur de Floride, un moment favori des primaires républicaines, mais qui s’est retiré de la course après avoir été battu, dans son propre Etat par Donald Trump, est monté tout de suite au créneau. Tandis que le président Obama, selon son habitude, refusait de se prononcer sur les éventuelles motivations du tueur, le sénateur Rubio évoquait aussitôt, quant à lui, « le nouveau visage de la guerre contre la terreur ». Une rhétorique très proche de celle de l’ancien président George W Bush.
Il s’étonnait aussi qu’Omar Sadiqqi Mateen, le tueur du Pulse d’Orlando, ait pu être qualifié pour travailler comme agent de sécurité. Le FBI s’était intéressé à lui à deux reprises pour des propos indiquant une possible radicalisation islamiste.
Mais pour Barack Obama, « Nous en savons assez pour dire qu'il s'agit d'un acte de terreur et de haine » ; ce qui signifie : nous n’en savons certainement pas assez pour déterminer si ce crime a une motivation islamiste. Nous ne voulons pas identifier nos ennemis. Comment vaincre lorsqu’on prétend ne combattre que des abstractions : « la terreur », « la haine » ? Ce fut aussi son attitude lors des attentats de Fort Hood en 2009, du marathon de Boston en 2013 et du repas de Noël à San Bernardino, l’an dernier. Le président sortant redoute l’amalgame qui pourrait être fait entre ces attentats islamistes et la religion musulmane, pratiquée pacifiquement par 3 millions 300 000 Américains.
Donald Trump, au contraire, a aussitôt mis en cause l’islamisme, se félicitant aussitôt d’avoir exhorté le gouvernement à faire preuve de « fermeté, d’intelligence et de vigilance ». Il réclame carrément ce matin la démission d’Obama. Ainsi justifie-t-il son propre programme électoral : la loi et l’ordre, une extrême méfiance envers les immigrés, en particulier musulmans.
Environ 200 000 personnes ont émigré d’Afghanistan aux Etats-Unis, comme les parents d’Omar Mateen. Ceux-ci nient que l’acte de leur fils ait eu une motivation religieuse. Ils l’imputent à l’homophobie. Pourtant, l’assassin du Pulse, s’est réclamé du groupe Etat islamique quelques minutes avant de passer à l’acte. Et Daech a aussitôt revendiqué la responsabilité de l’attentat.
On relève que l’organisation, en rapide perte de vitesse dans son pseudo-califat, annonce former des « cellules dormantes » en Irak et en Syrie. Retour à la clandestinité et multiplication des attentats. C’est le « plan B ». L’attentat d’Orlando en fait-il partie ? Personne ne peut l’affirmer avec certitude à l’heure qu’il est. Mais le mode opératoire rappelle l’attentat du Bataclan. Il s’agit manifestement de « punir » la jeunesse occidentale pour la liberté de ses mœurs.
Hilary Clinton, de son côté, a joué la carte compassionnelle. Si Trump pose au shérif, un rôle pour lequel il est nettement moins bien taillé que Ronald Reagan, Clinton, elle, est à l’aise dans le rôle de la Maman des Américains. Elle console et elle rassure. Mais ne nous y trompons. Au Secrétariat d’Etat, elle s’est taillée une réputation de fermeté dans la lutte contre le terrorisme islamiste. On se souvient de la vigueur avec laquelle elle a critiqué les dirigeants européens, incapables de mettre en œuvre l’équivalent du PNR, ce Passenger Name Record, qui permet aux Américains de connaître l’identité et les itinéraires de tous les passagers aériens ayant atterri aux Etats-Unis. Elle n’est pas sur la ligne « politiquement correcte » d’Obama, renvoyant en partie la responsabilité des attentats de Paris et de Bruxelles à l’insuffisance des efforts faits dans nos pays pour intégrer les immigrés.
Alors, à qui profitera ce massacre dans la course à la Maison Blanche ? Et qui ses organisateurs veulent-ils favoriser ? Trump, sans doute, mais il est bien trop tôt pour le dire. Ce qu’on retiendra, pour le moment, c’est l’extrême fragilité des démocraties et l’horreur qu’inspire la liberté dont jouissent leurs citoyens. Raison de plus pour les défendre de toutes nos forces. Soyons fiers de ce que nous avons conquis. Ne cédons ni à la panique, ni à la recherche hystérique de boucs-émissaires. Ce serait tomber dans le piège qui nous est tendu.
Qui serait assez fou pour préférer à la vie qu’on mène en Floride celle qu’imposent aux populations qu’ils ont soumises les enragés de l’Etat islamique ? A la longue, la liberté vaincra, comme elle l’a toujours fait.
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