Pour Xavier Bertrand, «** le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est déjà politiquement mort ** ». François Fillon dénonce, de son côté, « une politique du chien crevé au fil de l’eau ». Bien sûr, l’affaire Cahuzac a créé une atmosphère délétère , que l’opération transparence sur le patrimoine des ministres aura du mal à dissiper. Mais les vrais défis que rencontre le gouvernement, comme celui qui pourrait lui succéder dans les mois à venir, ne sont pas de nature politique. Ils sont économiques : car comme l’écrivait Jean-Marc Vittori dans les Echos d’hier, «** l’économie française est sur le toboggan espagnol** ». En effet, non seulement, l’investissement stagne, mais le vieux moteur de la croissance française, la consommation s’essouffle. Les salariés, qui redoutent le chômage et savent que les impôts ne peuvent que continuer à augmenter, épargnent plus que jamais. Du coup, l’objectif ( !) d’une stagnation de l’économie en 2013 ne sera peut-être pas atteint et le PIB pourrait, toujours selon Vittori, reculer d’ 1%...
Une telle conjoncture, habituellement, profite à l’opposition. Tel ne semble pas le cas à l’heure actuelle, au vu des sondages. « * Selon le sondage CSA pour Le Figaro-BFMTV, la droite ne profite pas des actuelles difficultés de la gauche, qui totalise 42 % d'intentions de vote au premier tour . » (Le Figaro) Bien sûr, l’état de guerre intestine dans lequel se trouve une UMP privée de leader indiscuté joue son rôle. Et l’ombre du commandeur plane sur ce duel fratricide. L’éventualité d’un retour de Nicolas Sarkozy gêne les prétendants au leadership et empêche l’inventaire de ces années un peu folles où il présida aux destinées du pays. Mais ce qui handicape l’opposition face à l’état gravissime dans lequel se trouve le pays, c’est qu’elle* ne paraît offrir aucune alternative crédible aux politiques qui sont menées** .
Et pour cause, la droite, comme la gauche, sont scindées entre partisans et adversaires de la rigueur budgétaire, candidats aux félicitations de Bruxelles et détracteurs de « l’euro fort », libre-échangistes et protectionnistes, libéraux et souverainistes.
J’ai mentionné Les Echos. Vous y avez chroniqué vous-même, Henri Guanoi , il y a une dizaine d’années et on se souvient que les idées que vous défendiez dans vos éditoriaux s’inscrivaient clairement dans la seconde de ces séries d’opposition.
Aujourd’hui, l’Union européenne semble dans une impasse . Les pays structurellement déficitaires, en gros ceux du Sud, semblent avoir atteint les limites d’une économie fondée sur la fuite en avant dans les dettes d’ailleurs, les stimulations de type keynésiens ne semblent pas en mesure de relancer la croissance. Mais d’un autre côté, les politiques de rigueur, qu’elles soient fondées sur la baisse des dépenses publiques, comme en Grande-Bretagne, ou sur l’augmentation des prélèvements, comme en France, étouffent la croissance et rendent la perspective du retour à l’équilibre hors de portée.
J’aimerais avoir votre sentiment sur ce qui est expérimenté au Japon. Nous avons là-bas une tentative de relance de la consommation par l’inflation , de la compétitivité prix par une baisse délibérée de la valeur de la monnaie et de rachats massifs de la dette publique par la Banque nationale. Joseph Stiglitz applaudit à deux mains. Et vous ?
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