Histoire de la IVe République par Georgette Elgey

Georgette Elgey à l'inauguration des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine.
Georgette Elgey à l'inauguration des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine.  ©Maxppp - Lemouton/POOL
Georgette Elgey à l'inauguration des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. ©Maxppp - Lemouton/POOL
Georgette Elgey à l'inauguration des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. ©Maxppp - Lemouton/POOL
Publicité

Le producteur Philippe Levillain reçoit l'historienne Georgette Elgey, spécialiste de la IVe République, ancienne journaliste et conseillère de François Mitterrand. Elle revient sur ses rencontres avec de Gaulle, les fondements et les événements clés de ce régime politique.

Avec

La IVe République fut probablement de tous les régimes de la France, pendant un certain temps, le régime le plus vilipendé, le plus menacé, puis réhabilité petit à petit au cours des années postérieures au départ du général de Gaulle. Il y eut la guerre d'Indochine, la crise du canal de Suez, le début de la guerre d'Algérie... Autant de défaites qu'a connue France sous la IVe République. 

Pour ce numéro des "Lundis de l'histoire", le producteur Philippe Levillain reçoit l'historienne Georgette Elgey, autrice de Histoire de la IVe République. De Gaulle à Matignon. La République des Tourmentes, 1954-1959 , Tome 4, Fayard, et David Valence, enseigne d'histoire contemporaine à Sciences-Po et responsable des études et de la recherche à la Fondation Charles de Gaulle.

Publicité

C'est par ces mots élogieux que Philippe Levillain recevait l'historienne Georgette Elgey pour cette émission, qui fut un temps journaliste et conseillère du président François Mitterrand : 

Chère Georgette Elgey, vous êtes une icône pour les historiens. Vous savez beaucoup de choses et vous écrivez tellement bien...  Votre style d'écriture s'apparente à celui du journaliste, vous avez d'ailleurs été journaliste à L'Express, même si vous avez dit que vous ne vouliez plus jamais exercer ce métier. 

En savoir plus : Le dernier de Gaulle
Politique !
30 min

Le dernier volume de cette Histoire de la IVe République, qui en compte six, est une pépite. Georgette Elgey a suivi au jour le jour, de juin 1958 à janvier 1959, les premières actions du général de Gaulle à Matignon. 

En juin 1959, à l'occasion d'une réception à l'école Polytechnique, Georgette Elgey rencontre le général de Gaulle. Elle revient sur ce moment marquant de sa vie d'historienne : 

J'étais terrifiée quand je l'ai vu. Il a fait le tour des visiteurs pour foncer sur moi. Mon père était professeur d'histoire, et de Gaulle m'a demandé en quelle année il avait enseigné à Polytechnique. Je réponds : "Je n'en sais rien", de Gaulle lève les bras au ciel et dit : "Ah ces familles bourgeoises...". S'en suit un dialogue stupéfiant sur la résistance et la littérature. Il m'a dit : "Je vous lis Madame Elgey dans la presse avec intérêt". Je suis devenue rouge écarlate. (...) Puis je lui ai dit : "Heureusement général, vous êtes revenu au pouvoir parce que quand vous ne vouliez plus parler, personne ne connaissait votre pensée. "Ah !", me dit de Gaulle "Parce que depuis que je suis au pouvoir, je ne pense plus !". Et toute l'assemblée a éclaté de rire. Georgette Elgey

A partir de l'année 1958, de Gaulle va montrer sa volonté d'affirmer l'indépendance de la France par rapport aux Etats-Unis : 

En 1958, de Gaulle est perçu aux Etats-Unis comme un personnage vraiment démodé et ennuyeux dont il faut se méfier. On le croit alors capable d'un coup d'Etat. Puis son image va se transformer parce que le président Eisenhower va rappeler son rôle héroïque pendant la guerre. Georgette Elgey

Avec l'instauration de la Ve République en 1958, de Gaulle marque une rupture par rapport à la tradition parlementaire de la République française dans la volonté de renforcer le rôle du pouvoir exécutif : 

Après l'investiture de de Gaulle, l'écriture de la Constitution de la Ve République se fait à l'été 1958, dans le secret et dans la rapidité. David Valence

De Gaulle a une ou deux idées auxquelles il tient absolument : les pouvoirs exceptionnels du président de la République en cas de crise grave et un mandat législatif. A part cela, il tient absolument à ce que sa Constitution ne soit pas taxée de "bonapartiste". La Constitution a été tissée dans une rapidité extraordinaire. Georgette Elgey