Auteur de dix long-métrages en près de 25 ans, le cinéaste Arnaud Desplechin revient tout au long de sa masterclasse, sur son processus de création, sa définition du cinéma comme acte de croyance, durant laquelle il fait écho aux mots de Philip Roth et Stanley Cavell.
- Arnaud Desplechin Cinéaste
Depuis La Sentinelle en 1992, Arnaud Desplechin a réalisé, en près de 25 ans, un documentaire, L’Aimée, et neuf longs métrages de fiction, dont Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (1996), le romanesque Esther Kahn (2000), Dans la compagnie des hommes (2003), Rois et Reine (2004) et Un conte de Noël avec notamment Mathieu Amalric, l'acteur que Desplechin a "inventé", selon Amalric lui-même.
Le cinéaste signe Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des plaines) en 2013 et Trois souvenirs de ma jeunesse en 2015, pour lequel il reçoit le César du meilleur réalisateur. En 2017, Les Fantômes d’Ismaël fait l'ouverture du 70ème Festival de Cannes. Son dernier film, Roubaix, une lumière, vaut à Roschdy Zem le César du meilleur acteur en 2020. Cette même année, Desplechin signe la mise en scène de la pièce Angels in America, de Tony Kushner, à la Comédie-Française.
Le cinéma comme acte de foi
Né en 1960 à Roubaix, il découvre le cinéma, et avec lui sa vocation, à l'âge de huit ans. Il étudie le cinéma à l'Université Paris 3, où il suit notamment les cours de Serge Daney, avant d'intégrer l'IDHEC (Institut Des Hautes Etudes Cinématographiques, l'ancêtre de la FEMIS) en 1981.
Arnaud Desplechin : "Souvent on a l'impression qu'on vit des choses convenues, alors qu'il suffit que les frères Lumière apportent une caméra, filment une rue et projettent le film pour que, d'un coup, ce fragment de réalité se mette à vivre. Je remarque que quand je n'ai pas le temps d'aller au cinéma, je commence à douter du monde qui m'entoure. C'est un acte de foi : quand je vais au cinéma, je crois au monde. Et à la sortie de la salle, il y a un contrat qui est l'objet de ma croyance."
Faire de la magie avec du réel
Au fil de ses films, on retrouve les plus grandes actrices du cinéma français : Charlotte Gainsbourg, Marion Cotillard, Emmanuelle Devos, l’éternelle Catherine Deneuve, et les fidèles Marianne Denicourt et Chiara Mastroianni.
Arnaud Desplechin : "Tant que je n'ai pas compris, sur le plateau, un sens qui m'était obscur à l'écriture, c'est que je n'ai pas fait mon travail. Notre travail avec les acteurs, c'est de décapsuler le texte et de le faire vibrer avec une signification. La vérité se trouve dans mon rapport avec l'acteur. Si l'acteur me ment, ou s'il se ment, il ne peut pas trouver de la signification. (...) Le mot que j'utilise le plus, c'est la "réalité". Je ne pourrais pas tourner un film en studio, je me dois de tourner en décors naturels. La puissance du cinéma, c'est de se servir du réel pour l'enchanter ensuite."
La réinvention permanente
Ses personnages s’appellent Paul (Dedalius), Henri, Ismaël, Esther, Nora… Ils sautent d'un film à l'autre, comme une réinterprétation permanente…
Arnaud Desplechin : "J'essaie de vous surprendre de film en film, en passant par un autre chemin. Et pourtant, à chaque nouveau film, je pense à une métaphore de Philip Roth dans "La Contrevie" où il dit : "je n'ai à ma disposition qu'une malle qui m'attend dans un grenier, avec un certain nombre de costumes - avec un certain nombre de patronymes dans mon cas - et j'essaie d'inventer du nouveau avec ces vêtements usés et ces quelques masques qui sont à ma disposition". Les noms des personnages sont pour moi des questions auxquelles mes films tentent de répondre."
Réécoute du 7 juillet 2017
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