Blutch : "Le dessin est une sur-écriture de l'intime, un langage d'une richesse insondable"

Portrait de l'auteur et dessinateur Christian Hincker, aka Blutch, en janvier 2020
Portrait de l'auteur et dessinateur Christian Hincker, aka Blutch, en janvier 2020 ©AFP - Joël Saget
Portrait de l'auteur et dessinateur Christian Hincker, aka Blutch, en janvier 2020 ©AFP - Joël Saget
Portrait de l'auteur et dessinateur Christian Hincker, aka Blutch, en janvier 2020 ©AFP - Joël Saget
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Lauréat du Grand Prix d'Angoulême à seulement 41 ans, auteur de plus d'une trentaine d'albums, Blutch est un dessinateur exigeant, passionné et passionnant. De ses débuts à Fluide Glacial, à ses variations d'aujourd'hui, Blutch évoque son parcours, sa vocation, sa passion du jazz et du cinéma.

Avec

Il dessine tout le temps et depuis toujours. N’importe quoi et n’importe quand. Dans les cases ou hors les cases, les jours gris comme les jours ensoleillés. Miroir de ses émotions et de ses humeurs, le dessin est toujours là pour capter ce qu’il y a capter sans aucune hiérarchie. En somme, Christian Hincker, alias Blutch, aime vraiment le mot dessinateur. 

Venu à la bande dessinée très tôt, "Le petit Christian" est un amateur des Tuniques Bleues et de Metal Hurlant, mais aussi des mots et des dialogues. Élève des Arts-déco de Strasbourg en pleine période "conceptuelle", Blutch se tourne plutôt vers la bande dessinée dont il affectionne le "côté un peu industriel". Il publie alors ses premières planches en 1988 dans la revue Fluide Glacial. Trente ans plus tard, son album, Variations, dédié à Marcel Gotlib et Alain Resnais, vient confirmer cette première intuition : un album de recréation-récréation, composé de trente planches de trente auteurs de bande dessinée qui ont compté pour lui. Artiste intuitif et ouvert, comédien occasionnel, amateur de théâtre, de jazz et de cinéma, Blutch "se nourrit de tout ce qui se présente, alternant les genres narratifs ou les univers graphiques (bande dessinée, comix, récit historique et autobiographique)."

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De son premier dessin...

Son premier dessin remonte à il y a près de trente ans, c'était en mars 1988 dans la revue Fluide Glacial.

Ce qui s'est passé depuis, c'était juste un souffle, j'ai l'impression d'avoir encore rien fait et rien dit. Personnellement et intimement, je me dis que tout reste à faire, c'est présomptueux mais j'ai toujours vingt ans. Le dessin c'est le cerveau ouvert, c'est le cerveau offert. Le dessin suit ce qu'on appelait à une époque les humeurs, les états d'âmes. C'est associé à ce qui fait ou constitue un individu. C'est moi dans mes bons jours, dans mes mauvais jours … Je suis rétif devant le mot évolution. Je sais pas ce que c'est que "évoluer", car ça implique une pente ascendante, je préfère dire changeant. Le dessin épouse tous les jours.      
Blutch

Par les temps qui courent
1h 00

La bande dessinée, un art de la discipline

La bande dessinée est un exercice qui demande une telle rigueur, une telle discipline, la pratique nous impose une grammaire tellement étroite, donc tout est là pour que le dessin s'ankylose, se raidisse, tous les éléments sont là pour que le dessin se dessèche. Donc, à l'intérieur de cet exercice domestiqué qu'est la bande dessinée, essayer de rendre un dessin vivant, c'est pas gagné ! (...) Il faut se couper de toute vie sociale pour faire de la bd. Si j'avais voulu être un dessinateur tel qu'il devrait être, j'aurais du rester vivre chez mes parents dans ma chambre. Le vrai dessinateur de bd c'est ça. Les tumultes de la vie ne correspondent pas à cette discipline.      
Blutch

La sur-écriture de l'intime

Il m'est arrivé de faire des livres pour m'adresser à une seule personne, comme une lettre. Les livres, c'est comme des lettres qu'on envoie à quelqu'un. (…) Je ne pense pas au public, je suis détaché. Le public ça veut dire rechercher une forme de connivence avec lui, et si je la recherche, je vais me perdre en route. Donc il vaut mieux ne pas y penser. (...) Avec les armes que nous donne le dessin, c'est un langage d'une richesse insondable. C'est une forme d'écriture unique. C'est de la sur-écriture intime, c'est irremplaçable.      
Blutch

Mauvais genres
1h 01

Le plaisir de la variation pour échapper à soi-même

Blutch aime particulièrement les formes préexistantes, et la re-création, qui est comme une forme de récréation pour lui, en témoigne son album Variations, une relecture des œuvres de grands auteurs de bande dessinée, publié chez Dargaud en 2017, au moment de la masterclasse. 

Il y a un plaisir de refaire, de s’approprier une forme déjà existante et de rejouer la scène, c'est aussi le moyen de s'échapper à soi-même, de s'oublier en se plongeant chez les autres. Quand on est auteur, il faut vivre avec soi-même tout en s'échappant, c'est une des difficultés du travail artistique. Il faut tout savoir et en même temps tout oublier, c'est un travail impossible.      
Blutch

Le Rayon BD
29 min

Pour aller plus loin

" Site pas officiel" sur Blutch !

Une biographie de Blutch proposée par la Bédéthèque.

Concert de dessins avec Blutch, enregistré le 4 décembre 2009, à voir sur Youtube.

La leçon de dessin de Blutch une vidéo France Inter, à voir sur YouTube

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