La chorégraphe et danseuse Mathilde Monnier revient au micro d'Arnaud Laporte sur l'évolution de sa carrière et explique, tout au long de cette masterclasse, les secrets de fabrication de ses spectacles, un art "qui n'est ni ironique, ni sarcastique, mais dans la légèreté sérieuse".
- Mathilde Monnier Chorégraphe
Je pense que j'ai toujours dansé, dès que j'ai marché, j'ai dansé. La danse m'a habité toute ma vie, Elle a été mon moteur. Peut-être est-ce la vocation, pas en terme de carrière, mais d'une façon d'être au monde. Mathilde Monnier
Formée par Michel Hallet Eghayan à Lyon, Mathilde Monnier a commencé la danse "tardivement", à l'âge de 15-16 ans. Elle débute alors comme danseuse dans la compagnie de Viola Farber avant de créer elle-même ses pièces en 1983, en duo, solo, ou en groupe, notamment avec Jean-François Duroure.
Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt est sa première pièce solo, créée en 1988, alors qu'elle traverse de grands bouleversements dans sa vie personnelle. Cette création signe également le début d'une longue collaboration avec la scénographe Annie Tolleter. En 1992, elle séjourne au Burkina Faso, une expérience fondatrice, à l'instar de son voyage précédent à Bali, qui va l'amener vers la danse abstraite et la création de sa pièce Antigone. Ces deux séjours, ainsi que ses rencontres avec le chorégraphe Merce Cunningham et le metteur en scène Tadeusz Kantor, l'a nourrissent continuellement, et constituent selon elle des "fils conducteurs dans la pratique de la transmission du mouvement dansé".
Aller vers l'essentialité
Pour Mathilde Monnier, la naissance d'une oeuvre vient d'une image, un mouvement nécessaire, voire vital.
Mathilde Monnier : "Il faut réussir à saisir une image, un mouvement qui correspond à une nécessité intérieure et vitale, qui doit être résolue dans l'instant. Il faut apprendre à le découvrir en soi, et le laisser parler. Le corps est une histoire de connexion. Le corps n'est pas une question d'âge mais une question de connaissances de soi. (... ) Depuis quelques années, j'ai développé plusieurs techniques. Une de mes techniques, c'est l'écriture automatique, qui est une manière de libérer la tête et de faire disparaître les filtres. Au bout d'un moment, j'arrive à l'essentialité. Ce qui est le plus difficile, c'est d'être sincère et intègre avec soi-même et de poursuivre ses propres obsessions."
La danse accueille tous les arts
Mathilde Monnier a la particularité de signer de nombreuses pièces en collaboration avec des artistes de tous horizons comme le jazzman Louis Sclavis, le chanteur Phillippe Katerine, la romancière Christine Angot, ou encore le metteur en scène Heiner Goebbels. Elle dirigera le Centre chorégraphique National de Montpellier Languedoc Roussillon de 1994 à 2014 pour ensuite prendre la tête du Centre National de la Danse de 2014 à 2019.
Mathilde Monnier : "J'ai toujours été vers l'autre, c'est une constante dans mon travail. Ce qui m'a fait venir à la danse, c'est d'être avec les autres, c'est le moteur de mon travail. Cette situation de la collaboration est très naturel. La création est une affaire concrète et beaucoup plus chaotique, dans l'échange. J'aime ce maelstrom qui arrive dans une rencontre où il y a du conflit, des écarts. La danse a la flexibilité d’accueillir l'autre, il y a des trous, des endroits à combler. C'est un des arts les plus perméables et cette porosité permet d’accueillir tous les arts, même les plus incongrus."
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Réécoute du 24 juillet 2017
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