Michel Serres : "Le problème de la violence a été au cœur de ce que j’ai produit depuis 70 livres"

Michel Serres
Michel Serres - Manuel Cohen / MCOHEN
Michel Serres - Manuel Cohen / MCOHEN
Michel Serres - Manuel Cohen / MCOHEN
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L'écrivain, philosophe et membre de l'académie française, Michel Serres se dévoile dans cette masterclasse enregistrée au festival Étonnants Voyageurs à Saint Malo.

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De nombreuses personnes connaissent Michel Serres au moins par son nom : l’écrivain a publié des dizaines d’ouvrages, soixante quatorze depuis une quarantaine d’années. Il a enseigné l’histoire des sciences en France et à Stanford et est apprécié des médias – qu’il apprécie aussi .

Michel Serres est né à Agen non pas au bord de la mer mais de la Garonne : ce qui implique un rapport particulier à la mer, biographique et philosophique. Philosophe « renard » plutôt que « sanglier », qui dit rôder plutôt que de creuser, inventeur de concepts, Michel Serres préfère parler de lui comme d’un « éboueur » de la philosophie. Non pas philosophe de la « noirceur » - c'est le navigateur Thomas Coville qui le dit, mais plutôt de l’optimisme. En même temps penseur volontiers des marges et des petites gens, aussi bien que des grands mouvements d’avenir. C’est un optimisme résolu qu’on pourrait comparer à celui de Tintin ou des romans de l’alpiniste Gaston Rebuffat qu’il n'a cessé de réactualiser dans ses livres.

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Michel Serres reste un philosophe d’abord non-académique : qui accumule les livres, une œuvre plutôt immense, et pourtant qui ne fait pas « système », caractérisée par des personnages (Hermès, le Tiers Instruit) qui se rapprochent plus du personnage de roman que des concepts purs, et un style fait de rapprochements, télescopages et glissements sémantiques. Gilles Deleuze déclarait qu’un des remerciements qui lui avait fait le plus vif plaisir était une lettre écrite par un club de surf : une manière de dire qu’il avait vu juste, en tous cas qu’eux avaient vu juste. Michel Serres disait au sujet de Thomas Coville dont il suivait le tour du monde à la voile : « quand un marin parle de moi, je chiale comme un enfant ».

J’ai une chair de guerre donc j’ai une âme de paix.

Un philosophe embrasse la totalité. Plus c'est abstrait, plus on embrasse la totalité.

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