A l'occasion de Paris Photo, Arnaud Laporte rencontre celle qui se définit comme un artisan de la photographie, Sabine Weiss. Issue du courant dit humaniste, elle a tissé tout au long de son oeuvre, un rapport singulier à la lumière naturelle, comme vecteur essentiel d'émotions.
- Sabine Weiss Photographe
Née en 1924, Sabine Weiss a un long parcours jusqu'à ce jour. Originaire de Saint-Gingolph, un village traversé par la frontière franco-suisse, elle a été attirée très tôt par la photographique, qu'elle a appris aux côtés de Paul Boissenas dans un studio à Genève.
"Ce qui m'a donné envie, c'est le matériel. Les objets avaient beaucoup d'importance pour moi. Ma mère m'emmenait dans beaucoup d'expositions, pour me faire une éducation artistique. Pour être photographe, il fallait aller dans un atelier. Ce que j'ai fait en allant à Genève. J'ai tout appris du métier. La photographie est un métier, je suis un artisan." -Sabine Weiss
Elle monte à Paris en 1946, et devient alors l'assistante de Willy Maywald, avant de rencontrer celui qui deviendra son mari, le peintre américain Hugh Weiss. Aux côtés de Maywald, elle découvre la notion de "lumière naturelle", elle rencontre des grandes figures parisiennes. Après cette formation, elle décide d'ouvrir son propre studio, et travaille dans la publicité, pour le monde de l'art et de la mode, en collaborant pour des titres prestigieux comme Vogue ou Time Magazine, et en pour en réalisant les portraits de personnalités éminentes telles que Igor Stravinsky, Fernand Léger, Francis Scott Fitzgerald, Françoise Sagan ou encore Coco Chanel.
"Pour réaliser un portrait, il faut aller vite, c'est très fugitif. Il y a des personnalités qu'on peut diriger, comme Joan Miró, qui avait beaucoup de fantaisies. Par contre, je n'aurai jamais demandé à Giacometti de faire quoi que ce soit. La vie d'un photographe est remplie d'anecdotes." - Sabine Weiss
Une photographe humaniste
En marge de ce travail, souvent à titre de commande, Sabine Weiss effectue un travail plus personnel, et immortalise le Paris libéré de l'après-guerre. C'est à partir des années 1950 qu'elle est représentée par l'Agence Rapho, grâce à son ami, l'artiste Miro, où elle côtoie Robert Doisneau, Jean Cocteau ou encore Willy Ronis. Elle sillonne le monde, de l'Ethiopie à l'Egypte, en passant par l'île de la Réunion ou le Burkina Faso.
Issue du courant dit humaniste, (et une des rares femmes à exercer ce métier pendant longtemps), Sabine Weiss est exposée dans le monde entier, dans les plus grandes institutions. Elle a récemment choisi de confier ses archives au Musée de l'Elysée à Lausanne, ce qui représentent 200 000 négatifs, 7000 planches-contact, 2700 tirages vintage et plus encore, de quoi donner le tournis.
"On ne savait pas que c'était la liberté, mais ça l'était. J'ai capturé tout cet esprit avec pas grand chose." - Sabine Weiss
Pour aller plus loin
Site officiel de Sabine Weiss
Dossier documentaire, sur Sabine Weiss, à voir et lire sur le site du Jeu de Paume.
Les 1001 vies de Sabine Weiss, un film de Jean-Baptiste Roumens, à voir sur Viméo.
Interview de Sabine Weiss, dans laquelle elle ouvre ses archives personnelles, pour le Jeu de Paume, Château de Tours, en 2016, à voir sur Youtube.
Je n’aime que les photographies prises dans la rue : interview de Sabine Weiss pour le blog sur la photographie, Chambre avec vues (juin 2017).
Une vie de photographe, Sabine Weiss : une exposition à voir au Kiosque de Vannes jusqu’au 6 septembre 2020.
Sabine Weiss dans les Archives of Women Artists Resarch & Exhibitions.
Sabine Weiss : les villes, la rue, l’autre : exposition à la galerie de photographies du Centre Pompidou (2018).
Sabine Weiss : un regard sur le temps : documentaire de Jean-Pierre et Fabien Franey, 2005. En ligne sur YouTube.
Cette Masterclasse a été enregistrée le 26 octobre 2019, en public à la MEP à Paris, à l'occasion de Paris Photo.
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