

Auteure de douze romans, Simonetta Greggio n'a jamais cessé d'écrire depuis sa tendre enfance. Au micro de Marie Richeux, elle évoque son désir d'écriture intrinsèquement lié au rêve, son rapport à la langue et à l'amour, et la mise en danger inévitable dans le processus de création.
- Simonetta Greggio Ecrivain, productrice à France Culture
Autrice et romancière franco-italienne, Simonetta Greggio a signé une douzaine de romans. Née en Italie, elle a étudié les lettres à l’Université de Padoue, avant d'arriver à Paris en 1981, à l'aube de ses 20 ans. Elle a ensuite été journaliste pendant près de 15 ans, dans toutes sortes de revues. Elle publie un premier roman, La Douceur des hommes en 2005 aux éditions Stock, et son dernier Elsa mon amour convoque la présence d’Elsa Morante, elle aussi écrivain italienne.
La poudre magique
Le désir de création et d'expression littéraire, Simonetta Greggio appelle cela "la poudre magique", transmise par sa propre mère, comme pour les écrivaines Elsa Morante ou Colette, et qui s'est développée lors de son arrivée à Paris en 1981 :
Simonetta Greggio : "Il y a ces mères qui sont des écrivains dans l’âme et qui vous font des sortes d’injonction. Ma mère m’a appris à écrire, à lire quand j’étais enfant. J’étais tellement heureuse qu’elle me transmette ce savoir, cette magie que j'ai très vite commencé à écrire comme Elsa Morante. Ma mère a eu envie que je fasse tout ce qu’elle n’avait pas fait. Elle a eu envie que je sois libre, que je sois écrivain, que je ne fasse pas d’enfants. (...) Écrire est une nécessité absolue. J’ai appris à écrire en écrivant. (...) Quand je suis arrivée à Paris, j’ai été m’inscrire à l’École des hautes études, car Milan Kundera y enseignait. J’avais impression que si je côtoyais de très près un écrivain, peut-être que comme j’attrapais des papillons petite fille, la poudre des ailes me resterait sur les doigts et que j’apprendrais ce qu’il fallait faire et être pour devenir un écrivain. J’avais un imaginaire de très jeune fille. Dans cette candeur arrivent des miracles."
L'écriture comme besoin absolu
Simonetta Greggio : "L’envie d’écrire se tisse de rêve. Quand on est une jeune fille dans un petit village près de Padoue, vous êtes une lectrice absolument, j’ai dévoré les livres. Toute ma vie j’ai été une lectrice extrême. Il n’y aucune raison pour qu’on devienne un écrivain, à la part la conviction intime qu’on est fait pour ça. Ce n’est rien d’autre qu’un besoin absolu, implacable et impitoyable. J’ai été journaliste pendant 15 ans, j’ai écrit toute sorte de livre, de jardinage, de voyage. Tout ce qui était autour de l’écriture, je le faisais. J’ai appris à écrire en écrivant. (...) Même les mauvais livres ont le droit d’exister. Il y a quelque chose qui reste profondément non français dans mon écriture. C’est comme si j’avais été un écrivain sans l’être. J’ai écrit toute ma vie. Et tout d’un coup, mon premier roman (La Douceur des hommes) a été publié d’un claquement de doigts."
Une femme écrivain
Pour Simonetta Greggio, chaque livre est comme un chapitre d'un futur grand livre. Elle tend à devenir une grande femme écrivain, à l'instar des grandes romancières comme Joan Didion ou Elsa Morante.
Simonetta Greggio : "J’ai l’impression que je sais un peu à quoi je veux ressembler. J’ai des écrivains que j’adore, Joan Didion par-dessus toutes, et puis Colette ou encore le rythme incroyable, l’intelligence lucide et faussement modeste de Françoise Sagan. J’aime infiniment Edith Wharton. Je trouve dans mon Panthéon de grandes femmes écrivains qui me parlent plus que les grands écrivains hommes, car il y a toujours une posture que je ne retrouve pas chez les femmes. J’ai toujours eu l’impression qu’un homme est ce qu’il fait, qu’il a besoin de montrer sa grandeur. Une femme est écrivain, mais finalement s’en fiche de montrer socialement qu’elle l’est. Elle est simplement, elle n’a pas besoin de le démontrer. Est-ce que c’est en train de changer ? Peut-être, pour le meilleur comme pour le pire."
Réécoute du 9 juillet 2019
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