Pape François : ce qu'il fait à l'intérieur se voit à l'extérieur ?

Pape François : ce qu'il fait à l'intérieur se voit à l'extérieur ?
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Ceux qui ont vu Festen de Thomas Vinterberg savent à quel point les réunions de famille peuvent tourner mal, lorsque l’un des membres se décide à vider son sac. C’est un peu ce qui s’est passé lundi dernier, dans la salle Clémentine du Vatican. Le Pape François y avait réuni son gouvernement, cardinaux et évêques de la curie romaine, pour leur prodiguer comme chaque année ses meilleurs vœux pour l’année prochaine. Mais en guise de douceurs, ce fut une volée de bois vert à laquelle les plus hauts responsables de l’Eglise ont eu droit. Un chapelet d’objurgations à l’égard de son administration, à qui il reproche pêle-mêle son « narcissisme », son « Alzheimer spirituelle », ses « conciliabules » et ses « cancans », son « arrogance » et ses « têtes d’enterrement »… j’en passe et des moins brutales.

Voilà qui contraste avec l’image publique donnée par le Pape François depuis le début de son pontificat : celui d’un chef spirituel attentionné à l’égard de son prochain, quel qu’il soit celui aussi d’un leader politique, investi sur la scène internationale au point qu’on le crédite de ce qui restera sans doute comme un des événements de l’année 2014 : le rapprochement diplomatique entre Cuba et les Etats-Unis.

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A force de prises de position audacieuses, le Pape a fini par être adoré, y compris par ceux qui ne croient pas en lui. Mais à être trop aimé, on finit par se faire des ennemis.

Quel que soit l’angle sous lequel on aborde le personnage, il fascine.

Patron aux méthodes musclées à l’intérieur.

Diplomate aux initiatives osées à l’extérieur.

Avec :

**Olivier Bobineau ** , sociologue des religions, membre titulaire du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (CNRS-EPHE), maître de conférences à Sciences-Po

François Mabille , professeur à l’Université catholique de Lille, membre titulaire du Groupe Sociétés, religions, laïcité

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