Eloge d’un gâteau à histoires
Je le déclare haut et fort : mon jour à moi, c’est le 3 février. Car c’est la date dédiée au carott cake aux Etats-Unis, le gâteau aux carottes quoi dont je suis amoureux depuis un bail. C’était un jour de pavés mouillés dans l’est de Londres. J’avais un peu forcé sur la Guinness en tentant de tracer des trèfles sur sa mousse. Il me fallait un en-cas pour me remettre d’aplomb. Dans une minuscule cantine, j’ai découvert le gâteau aux carottes comme Christophe Colomb l’Amérique. C’était à la fois, exotique, gourmand et follement dépaysant pour moi le gars élevé à la saucisse de Morteau qui n’aurait jamais imaginé que l’on puisse confectionner une pâtisserie sucrée avec un légume. Depuis, dès que je peux, je saute sur le carot cake comme la vérole sur le bas clergé. Mais ça devient plus compliqué depuis qu’une célèbre chaîne de supermarchés britannique s’est faite la malle pour cause de Brexit.
Il y autant de d’histoires que de saveurs dans ce gâteau. Selon le site Nature addicts, il se dit que son invention remonte au Moyen-âge. À cette époque en Europe, le sucre est une denrée rare et surtout chère. La solution se trouve alors dans les carottes. Naturellement sucrées et douces, on va les utiliser dans les pâtisserie. Les courges et les courgettes seront elles aussi utilisées pour préparer des puddings.
On retrouve aussi une trace du Carrot cake en Suisse alémanique, dans la recette du rüblitorte, ou gâteau aux carottes. D’autres historiens de l’alimentation avancent que le pudding aux carottes serait un ancien plat arabe lui-même ancêtre d’un gâteau venant des Indes.
Il y a aussi une autre histoire de carot cake associée à la seconde guerre mondiale. En 1941, le ministère de la Santé britannique va encourager fortement la culture de la carotte ainsi que sa consommation en louant ses bienfaits sur la santé lors d’une campagne de propagande. On disait d’elle, qu’elle améliorait la vision. Info ou intox ? Il n’empêche que cette propagande ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd et notamment parmi les pilotes de la Royal Air Force, qui, on raconte, en consommèrent beaucoup pour améliorer leurs performances de tir.
En réalité, ce n’était pas la carotte qu’il fallait remercier, mais une nouvelle technologie de radar nocturne embarquée secrètement sur les avions anglais pour détecter l’arrivée des bombardiers allemands. Afin de ne pas éveiller les soupçons de l’ennemi, et détourner leur attention, le gouvernement avait inventé toute cette histoire autour de la carotte.
Je vous ai posté ici la recette de « gâteau de carottes, pommes et muscovado, glaçage citron » de Trish Deseine dont les livres de cuisine sont aussi élégants, sensibles que gourmands(1).
La recette du gâteau de carottes, pommes et muscovado, glaçage citron
Pour 8 à 10 personnes, il vous faut :
- 125 g de carottes râpées ;
- 100 g de pommes râpées ;
- 200 g de sucre muscovado doré ;
- 25 cl d’huile de tournesol ;
- 3 gros œufs ou 4 petits ;
- 225 g de farine à gâteau.
Pour le glaçage :
- 300 g de mascarpone ;
- 250 g de sucre glace doré ;
- le zeste râpé d’un citron bio.
- Pour le décor : une pomme granny-smith.
1.Préchauffez le four à 180 degrés. Beurrez et chemisez un moule de 20 cm de diamètre. Epluchez et râpez les carottes et les pommes.
2. Fouettez l’huile et le sucre, puis ajoutez les œufs un par un en fouettant après chaque ajout. Incorporez la farine, puis les carottes et les pommes râpées. Mélangez doucement, puis versez le tout dans le moule préparé.
3. Faites cuire 35 à 45 minutes en vérifiant la cuisson avec la lame d’un couteau au bout de 35 minutes. Sortez du four, laissez refroidir dix minutes, puis démoulez le gâteau sur une grille et laissez refroidir complètement. Coupez le gâteau en deux disques.
4. Pour le glaçage, fouettez le mascarpone avec le sucre glace et le zeste de citron. Etalez la moitié du glaçage sur l’un des disques, posez le deuxième par-dessus et étalez le reste du glaçage au sommet. Décorez de fines tranches de pommes granny-smith.
- « Un soupçon de sucre, 90 recettes gourmandes pour découvrir les sucres autrement » de Trish Deseine. Photographies de Virginie Garnier. (Editions de La Martinière, 2019, 24,90 euros)
L'équipe
- Production