

Il paraît que la consommation de vins a baissé avec l’arrivée des députés macronistes qui tourneraient davantage aux sodas. Cela dit vu la panade de la majorité actuelle, ils pourraient peut-être se requinquer le moral avec une belle quille de nos régions.
Il est vrai que, « mieux vaut boire du rouge que broyer du noir », comme dirait l’écrivain anar et fine gueule Benoist Rey. On conseille vivement à nos élus de se remettre en ordre de marche avec le « Glou guide » et ses 150 vins naturels à quinze euros maxi. C’est aux éditions Cambourakis. Pourquoi des vins naturels ? Parce qu’ils ne fileront pas une seconde gueule de bois après la grosse migraine du remaniement ministériel.
Mais, au fait, c’est quoi un vin nature ? C’est un vin issu d’une fermentation spontanée (donc sans levure étrangère) de raisins biologiques et dont le moût n’a pas été bombardé de saloperies artificielles, ni rectifié par des docteurs Folamour. « Pas de camisole chimique, pas de béquille technologique, les vins qu’on aime dansent librement » écrivent Jérémie Couston et Antonin Iommi-Amunategui. Ces deux-la artillent grave contre les mauvais picrates quand il s’agit de défendre leurs cuvées nature : « Nous, on veut des jus délicieux (glou), les plus sains possibles (naturels) et idéalement à portée de bourse moyenne voire modeste. Le reste, en bref, c’est, neuf fois sur dix, du pipeau d’œnologue, du marketing vinique. Les classements de cru surfaits et les terroirs super-valorisés, une blague littéralement millénaire. Les grands (sic) châteaux, les grands (sic) domaines, et leurs vins hors de prix, ne valent en effet, la plupart du temps, pas le dixième de ce qu’ils sont vendus. »
On l’aura compris, il y a des attaques longues en bouche dans ce « Glou guide » mais aussi des mots gouleyants et des notes sacrément inspirées quand il s’agit de décrire à la sulfateuse et à la serpette les vignerons et leurs quilles. D’un viticulteur, ils disent ainsi qu’il est « total punk. Donnez-lui du raisin, si possible sudiste, et il le transforme en vin qui ne ressemble à rien de connu. Souvent bizarre, parfois barré, jamais chiant. Tendance naturiste hardcore avec la marque du string sur la langue et des poils dans le verre. »
Un film cette semaine
Il s’agit de « Wine calling », un documentaire où Bruno Sauvard part à la rencontre de ces nouveaux vignerons apôtres du vin libre dans le Sud de la France, au cœur du Roussillon. « Moi, je fais vraiment du vin sans rien, je le laisse vivre et quand il a arrêté de fermenter, je le mets directement en bouteille » dit l’un d’eux. A tous ceux qui pensent que les vins naturels sont des vins de « fainéants », ce documentaire administre une véritable leçon de vie car il en faut du courage et de l’humilité pour accompagner la magie du raisin de la vigne à la cave, sans l’entraver avec des intrants chimiques. Les vignerons racontent les erreurs de leurs débuts et l’importance de l’écoute des autres, de leurs expériences et de la solidarité. « Le plus important, c’est le doute, quand tu n’as que des certitudes, c’est une catastrophe. Le vin naturel, c’est un mouvement perpétuel », dit l’un d’entre eux. Loin d’être de l’à peu près, l’élaboration des vins nature repose sur des analyses très fines et sur beaucoup de pragmatisme pour tendre au but ultime : arriver à partir d’une grappe de raisin à procurer de l’émotion dans le verre.
« Wine calling », c’est à déguster à partir de mercredi en salles.
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