Alors qu'une nouvelle étude de Générations futures révèle l'omniprésence des pesticides et des produits phytosanitaires dans les végétaux que nous consommons, se développe dans le même temps, une agriculture urbaine, sans terre ni lumière du jour, mais aux résultats stupéfiants...
L'association Générations futures a analysé dans une étude publiée aujourd'hui la présence de résidus de pesticides dans 52 fruits non bio, consommés en France.
Menée pendant cinq ans, cette étude s’est fondée sur les données officielles de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, qui est l’organisme en charge du contrôle de ces aliments, au niveau des supermarchés et des grossistes.
Ce que révèle cette étude
Eh bien les résultats, s’ils sont attendus, restent très alarmants. Selon l’enquête de Générations futures, ce sont 73% des échantillons de fruit et 41% des légumes analysés qui présentent des résidus de produits phytosanitaires.
Cette étude représente ainsi un travail essentiel et inédit, de compilation de données fiables pour la France. Jusqu’à maintenant les seules études étaient américaines, alors même que les substances interdites et les méthodes de production ne sont pas les mêmes en Europe et aux Etats-Unis.
Ce qui est véritablement inquiétant dans cette étude, c’est qu’en moyenne 2,7% des fruits et 3,5% des légumes présentent des taux de pesticides supérieurs aux seuils fixés par l’Union européenne.
Les limites du modèle productiviste
Eh oui. Ce modèle promu depuis les années 60-70, se fonde sur une foi sans limite dans le progrès technique et sur une quête effrénée d’efficacité. L’utilisation massive d’énergies fossiles, d’engrais synthétiques, de pesticides et autres machines est ainsi destinée à accroître les rendements et à intensifier les modes de production.
Mais on voit ces dernières années se développer d’autres modèles agricoles, qui tentent de revenir à une production moins polluante, plus respectueuse de la planète et du consommateur. Si on pense bien sûr au développement de l’agriculture bio et de proximité, un nouveau phénomène est également à relever: c’est celui de l’agriculture urbaine.
Il y a bien-sûr le format bien connu des potagers partagé et autres fermes sur les toits, qui connaissent un grand succès ces dernières années, notamment comme une réponse à la crise. On y jardine, on y cultive ses fruits et légumes, on y crée également de la sociabilité en mettant en lien les personnes d’une communauté.
Dans les caves et les containers: la nouvelle agriculture urbaine
Mais oui! Au coeur de la capitale, on peut désormais partir à la chasse au champignon, cueillir des fraises ou des pousses au fond d’une cave ou…dans un container. A l’abri des intempéries, ces végétaux se développent ainsi sans contact avec le sol, mais dans un substrat neutre et sous une lumière artificielle: c’est ce qu’on appelle l’aquaponie.
Dans un article de l’Express, Sébastien Julian, part ainsi sur la piste des herbacés et autres légumineuses qui fleurissent dans nos sous-sols citadins. Il explique que ces agriculteurs 2.0 utilisent des substrats recyclables, donc plus écolo, et bannissent les produits phytosanitaires. L’homme est omniprésent, mais revendique une influence plus douce sur la nature.
Dans ces fermes sous le bitume, les injections de nutriment sont pilotées par ordinateur et s’effectuent en circuit fermé. Tout est calculé, anticipé, pour répondre parfaitement aux besoins des plantes.
L’un des acteurs de ce maraîchage urbain, Agricool, mise ainsi gros sur la recherche et développement et développe des containers agricoles, dans lesquels le spectre lumineux change en fonction de la saison. Des insectes et des champignons sont soigneusement sélectionnés pour protéger les plantes contre d’éventuelles maladies.
Des méthodes très efficaces
Tout à fait! Non seulement le goût et la qualité des fruits sont préservés, mais en plus la productivité de certains fruits s’envolent. Christophe Lachambre, directeur de la Ferme urbaine lyonnaise confie ainsi que les salades qu’il cultive en aquaponie poussent deux fois plus vite et contiennent jusqu’à trois fois plus de nutriments que celles du supermarché.
De quoi nous interroger sur les modèles agricoles qui nous sont proposés aujourd’hui: d’un côté des fruits et légumes, cultivés en pleine terre, mais bourrés de pesticides, de l’autre, des fruits savoureux et bios qui n’auront jamais vu la lumière du jour…
Coincée entre ces deux logiques du progrès, le modèle d’une agriculture à la fois respectueuse de l’environnement et du consommateur et capable de nourrir dix milliards d’habitants d’ici la fin du siècle, reste encore à trouver…
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