Il était une fois le baccalauréat

Manifestation étudiante du 15 Mars 2018 en réaction à la réforme du baccalauréat
Manifestation étudiante du 15 Mars 2018 en réaction à la réforme du baccalauréat  ©AFP - MICHEL STOUPAK / NURPHOTO
Manifestation étudiante du 15 Mars 2018 en réaction à la réforme du baccalauréat ©AFP - MICHEL STOUPAK / NURPHOTO
Manifestation étudiante du 15 Mars 2018 en réaction à la réforme du baccalauréat ©AFP - MICHEL STOUPAK / NURPHOTO
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Véritable rite de passage, le baccalauréat n'en reste pas moins en perpétuelle réforme.

Rite de passage 

Chaque année la France retient son souffle à l’heure où ses charmantes têtes blondes franchissent pour la dernière fois les grilles de l’école pour se lancer dans le grand bain de la vie adulte. 

Mais alors pourquoi tant d’emphase, tant d’attention pour un examen qui n’est après tout que le premier des grades universitaires? Ce qui est certain c’est que, construction médiatique ou marqueur idéologique, chaque nouvelle majorité politique entend laisser sa trace sur cette pierre angulaire de l’enseignement républicain. 

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Et le nouveau ministre, Jean-Michel Blanquer, n’est pas en reste puisque huit mois à peine après sa prise de fonction, un rapport lui a été remis sur la réforme du baccalauréat général et technologique. 

Bac, nouvelle formule :quatre épreuves et un grand oral

La commission présidée par Pierre Mathiot préconise de restreindre le bac à quatre épreuves écrites finales - on en compte aujourd’hui entre 10 et 15 -  et un grand oral, qui porterait sur un projet entamé par l’élève dès la première. 

Le reste de la note du baccalauréat serait issue d’un contrôle continu, sous forme d’épreuves ponctuelles, tout au long de l’année. Ces notes seraient également versées au dossier Parcoursup et auraient donc une incidence sur l’orientation des élèves dans le supérieur.

La réforme prévoit également la fin des filières actuelles, remplacées par un tronc commun où l’on retrouverait français, philo, histoire-géo, deux langues vivantes, le sport ET une nouvelle discipline, hybride, sobrement intitulée “humanités numériques et scientifiques”.

Le bac est une véritable passion française et s’inscrit dans la tradition millénaire des humanités et des universités du Moyen-Âge. Ainsi, le terme bachelier lui-même, dans sa première acception, renvoie jusqu’au XVIIe siècle à… l’aspirant chevalier. Tout un programme donc. Celui de la formation, du corps, mais aussi de l’esprit des jeunes élites nobiliaires françaises. 

Et il faut attendre Napoléon pour que le baccalauréat trouve son identité moderne et devienne le diplôme d’entrée à l’Université. Les facultés de droit, de théologie et de médecine sont restaurées. On crée celle de sciences. Et pour y accéder, il faut être titulaire d’une maîtrise ès arts, dispensée par la faculté de lettres. C’est ce que l’on appelle le baccalauréat. Pour cette première épreuve, en 1809, on ne compte que 31 bacheliers. L’épreuve se déroule à l’oral et en latin. 

Et c’est en 1890 que l’on instaure le système de notation sur 20. Jusqu’alors, les candidats étaient notés par un système de boules de couleurs que leur remettaient les examinateurs. Rouge, favorable. Noire, défavorable.

Massification de l'épreuve

Oui, Il faut dire qu’on est passé entre 1890 et aujourd’hui de 7000 à 720 000 bacheliers. Ce tournant s’amplifie en 1985, avec l’objectif affiché par le ministre de l’époque, Jean-Pierre Chevènement, d’atteindre 80% d’une classe d’âge diplômée à l’horizon des années 2000. Cet objectif qualifié à l’époque de colossal a été depuis largement atteint. Il change pourtant la nature même de cet examen. 

Pensé à l’origine comme le premier grade universitaire, il n’a aujourd’hui pour ainsi dire plus de valeur en soi, tant il est répandu. La distinction entre les individus s’opère donc par la suite, dans le système complexe et excluant de la méritocratie républicaine. 

S’il est vrai que l’on n’accède plus aujourd’hui aux mêmes métiers avec le diplôme du bac, on peut cependant se réjouir de l’élévation générale du niveau de qualification qui en fut la conséquence. Il faut cependant préciser que cette démocratisation n’aurait pas été possible sans l’autre réforme fondamentale de 1985, à savoir la création du bac professionnel. Mais de cela nous parlerons demain...

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