Le bruit de l'énergie

Détail d'une chambre anéchoïque, dont les parois absorbent les ondes sonores
Détail d'une chambre anéchoïque, dont les parois absorbent les ondes sonores ©AFP - ERIC CABANIS / AFP
Détail d'une chambre anéchoïque, dont les parois absorbent les ondes sonores ©AFP - ERIC CABANIS / AFP
Détail d'une chambre anéchoïque, dont les parois absorbent les ondes sonores ©AFP - ERIC CABANIS / AFP
Publicité

Alors que le bruit a envahi nos villes, des chercheurs, ingénieurs et architectes rêvent de transformer cette puissance sonore en source d'énergie.

Le bruit, source d'énergie

D’après une étude de l’INSEE datant de 2002, c’est même la principale source de désagrément pour les habitants des villes. Pour ne prendre que l’exemple de Paris, la pollution sonore produite par le périphérique atteint les 80 décibels, soit le seuil à partir duquel, le bruit représente un danger pour l’oreille humaine.

Publicité

C’est donc ces bruits du quotidien, liés à nos modes de vie, de transport et d’urbanisation que des chercheurs tentent de maîtriser pour faire de cette externalité négative une source d’énergie positive. 

On se rappelle de nos cours de physique que le son est une vibration mécanique qui se propage sous forme d’onde. Le son se déplace et c’est ce mouvement qui peut être utilisé comme source d’énergie, qui est ensuite exploité pour produire de l’électricité. 

On recourt pour cela à des matériaux dits “piézoélectriques”, qui se chargent en électricité quand ils sont déformés par la vibration. L’article du Parisien rapporte ainsi que dès 2010, deux chercheurs de l’Université de Michigan ont inventé de mini-générateurs piézoélectriques, capables de produire 500 microwatts chacun, une énergie minuscule mais qui pourrait suffire à alimenter de petits appareils comme un pacemaker. 

Des bâtiments à énergie positive

Devant le potentiel phénoménal d’une telle technologie, nombreux sont les ingénieurs et les urbanistes à se creuser la tête pour mettre à profit une telle technologie. 

Une équipe d’architectes français a ainsi été récompensée par le prix Evolo, pour avoir imaginé une tour d’une centaine de mètres, entièrement recouverte de ces fameux capteurs piézoélectriques. Le Soundscraper, littéralement le gratte-son est, comme l’explique l’un de ses concepteurs, “une structure métallique très simple sur laquelle sont implantés des cils d’une matière électroactive, déformés par les vibrations du son”. 

Ou quand la poétique s’allie à l’efficacité énergétique. Une tour, bardée de 840 000 capteurs, qui vibrerait au bruit de la ville pour produire quelques 150 mégawatts par heure, soit 10% de l’éclairage public d’une ville comme Los Angeles. 

Une technologie encore à l'état de projet

Si ces bâtiments restent pour l’instant à l’état d’esquisses et de maquettes, ce qui compte c’est avant tout l’idée et le procédé, explorés par ces architectes et dont pourraient s’inspirer d’autres créateurs quand la technologie sera mûre. Pour l’instant la production d’électricité de ces matériaux est encore trop faible pour rendre de telles structures viables. 

Mais ce qui est fascinant, c’est de voir que cette technologie est virtuellement sans limite. Partout où il ya du bruit, il y a un potentiel énergétique à exploiter. Autant dire partout. Et c’est exactement ce que se sont dits une équipe d’étudiants des Arts et Métiers qui ont réfléchi à une manière d’exploiter l’incroyable énergie sonore dégagée par les avions au décollage. 

Ils se sont ainsi inspirés des dalles utilisées dans certaines boîtes de nuit, permettant de récupérer l’énergie produite par la foule dansante et la musique, pour la transformer en électricité. Ils ont ensuite soumis ces dalles au bruit d’un réacteur d’avion, soit 130 décibels, et ont estimé que 70 000 de ces lames, disposées sur les pistes permettraient de fournir en électricité l’équivalent de 50 foyers français! Pas encore de quoi faire voler un avion donc, mais suffisamment pour en éclairer l'atterrissage et l’envol

L'équipe