Un marché noir s’est développé sous les yeux de l'Etat : les chauffeurs de taxis partant à la retraite revendaient sous le manteau leur licence au plus offrant…
L'histoire
En 1995, le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, a décidé de légaliser ce marché qui se faisait alors sous le manteau, histoire de permettre à l’Etat de récupérer quelques deniers sur les ventes de licences de taxis. Toutes les licences sont ainsi devenues légalement cessibles. Les propriétaires avaient le droit de les revendre au bout de cinq ans pour celles qui avaient été achetées et au bout de quinze ans pour celles qui avaient été obtenues gratuitement. De 1995 à 2001, leur prix a augmenté pour atteindre 150.000 euros (en prix corrigé de l’inflation), d'après le bureau de recherche 6t qui est allé dans les caves de la préfecture pour éplucher toutes les transactions recensées ; et a mis ces données en accès libre sur son site. Les prix ont continué à augmenter, pour atteindre le pic de 250.000 euros en 2013. La perspective de plus-value est telle que certains acheteurs arrivent sur le marché uniquement dans cette optique, pour spéculer, et non pas pour exercer le métier de chauffeur. Ils n’espèrent pas des revenus de l’activité de taxi mais des revenus de la rente. A cette période, les taxis ne voient pas d'un bon oeil l'arrivée de nombreux VTC (véhicules de transport avec chauffeur), Uber en tête... La bulle spéculative éclate. Le prix de la licence chute à 120.000 euros fin 2016. La chute des prix s’est accompagnée d’une baisse des ventes, puis le prix est reparti à la hausse en 2017. Et il semble s’être désormais stabilisé autour de 140.000 euros, comme au début des années 2000. L’activité de taxi n’a donc pas perdu tous ses attraits, semble-t-il, et la mise en place de licences de nouveau incessibles depuis la loi Thévenoud, semble avoir un impact assez marginal. Trop peu de licences sont ainsi créées chaque année pour diminuer la demande de licences sur le marché secondaire, et donc faire baisser les prix. Bref. Cette stabilisation des prix est peut-être le signe d’une certaine maturité du marché...
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