Trump, cavalier seul de l'économie

Sur l'échiquier de l'économie, le cavalier américain
Sur l'échiquier de l'économie, le cavalier américain ©AFP - RON JENKINS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Sur l'échiquier de l'économie, le cavalier américain ©AFP - RON JENKINS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Sur l'échiquier de l'économie, le cavalier américain ©AFP - RON JENKINS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Alors que le président Trump vante ses résultats en matière économique, son mandat brille pour l'instant par la faiblesse de son action en la matière. La seule réforme importante, celle du code fiscal, devrait permettre une baisse d’impôts estimée à 1 450 milliards de dollars sur dix ans.

Donald Trump extrêmement difficile à classer économiquement. Certains le comparent même à une sorte de cavalier solitaire, quand on ne parle pas carrément de cheval fou de l’économie.

Il est particulièrement difficile à cerner, non seulement à cause de ses discours erratiques qui laissent un jour entendre ses velléités ultra-libérales et le lendemain sa condamnation du libre-échange, mais aussi car son bilan économique est, plus d’un an après son entrée en fonction, extrêmement maigre. 

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Alors que le président américain, qui prône America first, se félicite régulièrement de ses bons résultats en matière économique, ceux-ci sont avant tout dûs aux réformes enclenchées par son prédécesseur. Comme l’affirme Philippe Waechter, chef économiste de Natixis Asset Management, “l’économie américaine semble en réalité avancer à son rythme, comme si elle était insensible à l’impréparation et aux non-décisions de Washington”. 

Une réforme économique d’importance vient votée par le Sénat américain

On pourrait parler de la première politique économique significative depuis le début de son mandat.  Il s’agit de la réforme fiscale votée, à la fin de l’année dernière et qui fait aujourd’hui parler d’elle alors que le milliardaire Warren Buffet a annoncé que celle-ci allait lui permettre d’économiser 29 milliards de dollars.

La deuxième fortune mondiale, qui avait soutenu Hillary Clinton en 2016, écrit ainsi dans la lettre annuelle à ses actionnaires qu’une grande partie des gains de son entreprise ne vient pas cette année de ses activités propres, puisque sur les 65 milliards de gains nets de la holding, 29 milliards sont directement issus de la réécriture du code fiscal par le Congrès.

La réforme fiscale abaisse en effet le taux d'imposition des entreprises américaines de 35 à 21%, ce qui a permis à l’entreprise de Warren Buffet de réduire significativement les provisions pour ses futurs impôts. 

“Un grand, gros et bon cadeau de Noël”

Dans sa totalité, cette réforme prévoit une baisse d’impôts estimée à 1 450 milliards de dollars sur dix ans, soit environ 0,7 % du PIB américain. “Un grand, gros et bon cadeau de Noël” selon les mots de Donald Trump lui-même. 

Avant tout les contribuables les plus riches. Alors que le président américain a passé sa campagne à s’adresser aux oubliés et aux sans-voix de l’Amérique, pourfendant les élites économiques, médiatiques et financières, cette réforme offre en réalité un cocktail de mesures favorables aux américains les plus favorisés.

Pour vous donner un autre ordre de grandeur, les 1 % les plus riches, ceux ayant un revenu supérieur à 500 000 dollars vont économiser en 2019, 60 milliards de dollars d’impôts. C’est la même somme que se partageront plus de la moitié des américains, soit 54% des contribuables gagnant entre 20 000 et 100 000 dollars.

Et bien sûr, dans cette réforme fiscale, rien n’est prévu en matière de redistribution. Pire, elle comporte même une disposition, qui supprime l’amende pour les Américains qui ne souscrivent pas à une assurance-santé. Cette mesure est une attaque indirecte mais clairement orientée contre l’Obamacare, que Donald Trump a été incapable d’abolir et qu’il compte ainsi vider de sa substance. 

Une réforme critiquée par le FMI et Christine Lagarde

La directrice générale de l’institution internationale s’est en effet inquiétée des conséquences d’une telle réforme sur l’économie mondiale.  Alors que le président Trump se félicitait encore à Davos de la cascade vertueuse d’augmentations salariales permise par sa réforme, Christine Lagarde a souligné que cette réduction massive des impôts risquait de conduire à un accroissement du déficit budgétaire des États-Unis, et de faire grimper les taux d’intérêt américains. La conséquence serait un ébranlement de la croissance américaine, rendant le marché vulnérable à une potentielle crise. 

Selon le FMI, au delà de ce risque, un autre danger pour l’économie mondiale viendrait du manque de coopération internationale et des tensions géopolitiques actuelles. Autant de sujets sur lesquels les interventions intempestives de Trump ne risquent pas d’améliorer le climat de confiance. 

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