- Catherine Dufour Ingénieure informatique et écrivaine de science-fiction
- Célia Izoard Traductrice.
**Toute cette semaine, les robots sont parmi nous. Aujourd’hui, un robot, pour quoi faire ? Nous revenons sur les ambiguïtés politiques, économiques, affectives et fictives du désir de robots . Avec Célia Izoard , journaliste et traductrice **. ** **Elle ** **travaille sur la critique de la technologie, en opposition, en particulier, à la biométrie. Et avec l’auteure de science-fiction ** Catherine Dufour. **
Les Nouvelles Vagues s'intéressent cette semaine aux robots : mardi, aux lignes de droit qu'ils font éventuellement bouger ; mercredi, aux potentiels de relation ou d’empathie que l'on voudrait leur insuffler ; jeudi, à leur présence sur les plateaux de danse et de théâtre ; et vendredi, à leur image à l'écran, au cinéma. Pour commencer, nous interrogeons aujourd'hui cette ambivalente demande de robot. Lignes socio-économiques y croisent imaginaire robotique, en littérature par exemple.
Demandons-nous donc d’abord pourquoi les robots sont là. Pourquoi en fabrique-t-on ? Pourquoi fabrique-t-on des robots humanoïdes, antropomorphiques ? A qui, et à quoi, répond cette demande ? Cette première émission a un pied dans la critique politique de la technologie, l’autre pied dans la littérature. Peut-être parce que la première occurrence du mot "robot" intervient dans une pièce de théâtre signée Karel Capek, une pièce de science-fiction intitulée R. U. R. (Rossum's Universal Robots) . Quelques indécisions existent sur les origines exactes du mot, dont on avance qu’il a plutôt été inventé par son frère Josef à partir du mot tchèque « Robota », qui signifie « travail, besogne, corvée ». En tous cas, ce bref détour étymologique nous engage sur les deux pistes du jour : une réflexion sur le travail, et une réflexion sur la fiction.
Dans une lettre qui date du mois d’août 1949, Norbert Wiener, mathématicien fondateur de la cybernétique, s'adresse ainsi à Walter Reuther, président du syndicat américain des travailleurs de l’automobilede, en revenant sur la responsabilité sociale du scientifique : "Je ne veux en aucun cas contribuer à planter un couteau dans le dos des travailleurs, or je sais pertinemment que toute main d’œuvre, dès lors qu’elle est mise en concurrence avec un esclave, que l’esclave soit humain ou mécanique, doit accepter les conditions de l’esclave". Cette lettre, on peut la mettre à côté de deux autres lettres que Célia Izoard adresse à des chercheurs en robotique, publiées dans le dernier numéro de la Revue Z , en librairie depuis le 14 septembre. En question : leur responsabilité, la comparaison entre leur liberté créatrice et leur plaisir de travailler en équipe ; et ces deux aspects du travail qu’ils ôtent à d’autres travailleurs en développant des robots, quand ces robots ne leur ôtent pas tout simplement le travail... A ces remarques, d’aucuns répondent par la demande sociétale : la société aurait besoin de robots. Le robot qui travaillerait à notre place est un horizon jamais totalement atteint, et il y aura toujours des hommes pour être entre les robots d’aujourd’hui et ceux de demain.
Célia Izoard, avec nous en direct depuis France Bleu Toulouse, est journaliste et traductrice. Sa récente traduction du texte La Machine est ton Seigneur et ton maître de Yang, de Jenny Chang, Xu Lizhi (Édition établie et traduction de l’anglais par Celia Izoard, Traductions du chinois par Alain Léger) vient de paraître aux éditions Agone. C'est un petit livre sur les usines Foxconn, groupe en train de devenir l'un des plus grands constructeurs de robots au monde, les fameux "Foxbots". Catherine Dufour est quant à elle auteure de Science-Fiction ; le désir de robots dont il est question cet après-midi est ainsi envisagé aussi depuis la fiction et l'imaginaire robotique, dans la littérature notamment.
En fin d'émission, nous vous proposons d'entendre les récits de moments qui marquent fortement nos parcours. Cette semaine, nous tendons notre micro à Mathieu Riboulet. Ses deux derniers livres, Lisières du corps et Entre les deux il n'y a rien , ont parus en cette rentrée littéraire aux éditions Verdier. Ils travaillent précisément ces zones d'intensité, en art, en sexualité, ou en politique. Aujourd'hui, il évoque sa première lecture de Jean Genet . Mélange, texte, reconnaissance et paysage, c’est vers 16h45 dans la rubrique Au Singulier.
Programmation musicale :
- Noiserv, I was trying to sleep when everyone woke up - Android Sisters, Robots are coming - Bob Dylan,* Masters of War*
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