Christian Lacroix : "Le costume est ce qui me motive depuis l’enfance, bien plus que la mode"

Si l'habit ne fait pas le moine, sur la scène du théâtre le costume fait le personnage et le spectacle. Mais cette peau éphémère du comédien que devient-elle quand rois et reines, princes et princesses, servantes, valets et courtisanes s'évanouissent derrière le rideau de l'ultime représentation ? Remisé dans l'ombre et le silence d'un grenier, le costume peut craindre les mites et l'oubli éternel, alors qu'il est tout un pan de l'histoire du théâtre. Aussi, mémoire d'un art dans son époque, reflet de ses rêves et de ses idées, témoignage de ses techniques, le costume mérite-t-il toute l'attention qui lui est portée du côté de l'Allier.

Dans le magnifique décor du Quartier Villars, une ancienne caserne du 18ème siècle, ouvrait en 2006 à Moulins le Centre National du Costume de Scène. Des dizaines de milliers de costumes et accessoires y sont conservés, exposés et étudiés. Rendus à la lumière, ils restituent au visiteur les émotions des spectacles passés. À travers eux, le théâtre, le ballet et l'opéra d'hier, revivent sous ses yeux dans leurs couleurs, leurs formes, leur mouvement et leur beauté : Sarah Bernhardt dans Ruy Blas en 1872… Aïda à l'Opéra de Paris en 1880… La Dame à la licorne de Cocteau en 1959… La Belle au bois dormant chorégraphiée par Noureev…

Pour saluer les dix premières années d'existence du CNCS, les Nuits de France Culture ont convié sa conservatrice, Delphine Pinasa et Christian Lacroix, son président d'honneur, à venir nous parler de ce musée unique au monde, et à partager avec les auditeurs un programme d'archives consacré au costume de spectacle, à ses grands créateurs et à ses métiers. Christian Lacroix explique comment il s’est associé à ce projet, jusqu'à en devenir le président d'honneur :

Le costume pour moi c’est le noyau dur c’est ce qui me motive depuis l’enfance, bien plus que la mode, que la couture ou tout ce que j’ai pu faire [...] j’aurais rêvé que le Centre National du Costume de Scène existât durant les années 50, 60.

Il raconte son attrait, enfant, pour le spectacle :

La vraie vie pour moi commençait dans une salle de spectacle, même un cinéma avec une comédie épaisse. Pour moi c’était échapper à une vie qui ne me satisfaisait pas. J’avais un ennui profond, ou une crainte, une peur de la réalité. Mon refuge c’était ces spectacles [...] le conte qui m'avait le plus marqué enfant c’était Alice au pays des merveilles avec cette idée de la traversée du miroir et je me suis évertué à traverser des miroirs toute ma vie…

Ecouter la seconde partie de l'entretien.

• Production : Albane Penaranda
• Réalisation : Virginie Mourthé
• Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
• Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France