Premier rendez-vous de la "Nuit du Patrimoine radiophonique" dans lequel Albane Penaranda s'entretient avec Jonathan Fitoussi et Christophe Jolibois, restaurateurs des archives sonores de Radio France à l'Ina.
- Jonathan Fitoussi Compositeur et restaurateur d'archives radio.
Les Journées du Patrimoine 2018 sont placées sous le signe de "l'art du partage". En toute humilité, nous pouvons dire qu'aux Nuits de France Culture, l'art du partage du patrimoine radiophonique, nous le pratiquons tout au long de l'année avec nos auditeurs, en puisant dans les trésors conservés par l' INA pour composer les programmes que nous leur proposons. Saisissant l'occasion des Journées du Patrimoine, nous avons voulu consacrer cette Nuit à l'histoire de la radio, à l'héritage qu'elle nous a légué, et mettre en lumière le travail de ceux grâce auxquels nous pouvons partager avec vous, quotidiennement, notre " mémoire radiophonique".
C'est avec ceux qui, dans l'ombre, sont chargés de ce lifting sonore, de ce bain de jouvence, Jonathan Fitoussi et Christophe Jolibois, que nous avons choisi d'ouvrir cette Nuit du Patrimoine Radiophonique.
A deux pas de la Maison de la Radio, Jonathan Fitoussi et Christophe Jolibois, restaurent et sauvegardent supports et sons demandés par des producteurs de Radio France. Ces deux mordus du son nous parlent de leur travail.
Disques 78 tours et bandes magnétiques n’ont plus aucun secret pour eux. Ils connaissent leurs caractéristiques, leurs évolutions et leurs altérations sur le bout des doigts. Leur travail est directement lié au passage des archives à l’antenne de Radio France puisqu’ils restaurent et conservent les sons suivant les demandes de l’antenne.
Découvrons en leur compagnie, avec écoutes à la clef, les différents stades de la restauration physique des supports puis de la restauration audio dans le respect des sons d’origines. Un métier qui demande une maîtrise des outils analogiques et numériques et une oreille de passionné !
Christophe Jolibois et Jonathan Fitoussi expliquent le travail très concret de restauration d’une émission ancienne :
Nous expertisons l’état du support. Puis nous commençons à travailler : sur le disque 78 tours il y a au préalable beaucoup de phases de lectures sans enregistrement, avec différentes pointes. Le choix de la pointe est un acte de restauration en soi, puisque que cela va avoir des incidences sur le son. Puis après avoir nettoyé et désencrassé un peu le sillon, on choisit la pointe la plus optimale pour la lecture de ce disque pour avoir le meilleur son de la voix. On fait ensuite une lecture avec enregistrement. On nettoie avec de l’eau déminéralisée qui permet d’atténuer les bruits de surface. Puis on enregistre face après face pour sauvegarder le document dans son intégralité.
Sur les difficultés rencontrées :
Sur les 78 tours, le vernis noir sur lequel sont gravés les sillons, comme tous les vernis, avec le temps il peut se craqueler, c’est-à-dire avoir des fissures. Cela peut créer des problèmes de lecture car celle-ci est physique avec une pointe dans les sillons. Alors on effectue une « lecture forcée », celle-ci est faite avec la tête de lecture dans la main. Peu importe le support il y a toujours une restauration physique puis une restauration audio…
Ils concluent :
Notre métier reste très artisanal : l’étape manuelle reste l’étape clé, essentielle de la réussite de la restauration. Puis on passe à l’utilisation des outils numériques, notre but étant que les logiciels s’entendent le moins possible. A l'INA, les deux technologies, analogique et numérique, cohabitent parfaitement.
Christiphe Jolibois se souvient de la rénovation d'une bande magnétique d'un concert de Charles Mingus, et de la découverte, à cette occasion, d'un duo inédit de Charles Mingus (contrebasse) avec Eric Dolphy (flûte traversière) de 1964 :
Il y a eu un très grand moment avec la redécouverte d'un titre inédit de Charles Mingus en 2016, il se trouve que ce titre était à la fin de la bande magnétique, après le rappel... il fallait aller jusqu'au bout de la bande ! La bande était un peu détendue, la lecture était un peu compliquée mais le son était relativement bien enregistré. Je voulais remettre en avant le côté chaleureux de la contrebasse et l'intensité du titre inédit, il y avait une espèce de magie de la redécouverte complète.
Écouter les entretiens suivants avec Marine Beccarelli, historienne spécialiste des médias et de la radio et Christelle Rousseau, responsable de l’antenne INA à Radio France.
- Production : Albane Penaranda
- Réalisation Virginie Mourthé
- Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
- Indexation web : Odile Joëssel, Sandrine England, Documentation sonore de Radio France
L'équipe
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