Des taudis lillois aux filatures modernistes de Roubaix : reportage dans le nord de la France en 1948

Une ouvrière dans une filature à Roubaix en septembre 1945.
Une ouvrière dans une filature à Roubaix en septembre 1945.   ©AFP - afp
Une ouvrière dans une filature à Roubaix en septembre 1945. ©AFP - afp
Une ouvrière dans une filature à Roubaix en septembre 1945. ©AFP - afp
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Couleurs vives dans les manufactures, ouvriers travaillant au son de la musique, enfants dans des terrains vagues : modernisme technocratique et misère se côtoient dans le nord. Un reportage de Clara Candiani en 1948 dans le nord de la France.

En 1948, la journaliste Clara Candiani était allée dans le nord de la France pour le journal parlé. Elle en avait ramené une série de témoignages, le reportage débutait dans l'atelier d'une usine à Roubaix.

Cinq heure du matin : des ouvriers et des ouvrières se pressent vers une usine, un immense bâtiment de briques rouge aux lignes épurées. Il s'agit d'une filature, on découvre ensuite une autre manufacture, de tissage cette fois-ci. Des ouvrières expliquent leur travail, sa difficulté, leur revenu et ce que sera leur retraite, environ la moitié de leur salaire. 

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Dans cette usine modèle on visite le fumoir, il y a un appareil de radio, un bar, qui propose bière et limonade, une cinquantaine d'ouvriers sont là pour dix minutes de pause, le temps de griller une cigarette.  

Un dirigeant de la filature explique une particularité des gens d'ici : les influences espagnole et flamande sont très présentes, ce "mélange d'origines favorise, comme aux Etats-Unis, l'esprit d'entreprise et un don de l'initiative très développés". 

Modernisme et progrès joyeux sont revendiqués. Couleurs vives et haut-parleurs diffusant de la musique étonnent et ravissent la journaliste, le responsable de l'usine explique le concept : 

Nous pensons que le climat dans lequel l'ouvrier travaille est un élément capital pour le facteur moral. Les couleurs grises sont de nature à appeler le pessimisme, les couleurs claires et ensoleillées, au contraire, donnent un cadre joyeux au travail et ne peuvent que contribuer à la production. Le travail de l'ouvrier est parfois monotone. Si l'ouvrier spécialisé a des satisfactions dans son travail, l'ouvrier non spécialisé peut éprouver la monotonie, et même parfois l'amertume liée à sa condition, nous voulons qu'il l'oublie dans une certaine mesure c'est pourquoi nous cherchons à le distraire, par la musique ou par d'autres éléments. 

Dans la seconde partie de ce reportage, Clara Candiani emmène les auditeurs dans le Quartier Saint Sauveur à Lille. Près d'un terrain vague des fillettes chantonnent une chanson de Piaf. Les parents expliquent leur attente d'un logement décent, tout en n'osant se plaindre du taudis dans lequel ils vivent. L'allocation logement permet néanmoins à des dizaine de familles de bénéficier de logements modernes au loyer modéré. 

  • Par Clara Candiani
  • Ainsi va le monde - Visite dans le nord de la France (1ère diffusion : 18/11/1948 Chaîne Parisienne)
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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