Dorothée Munyaneza : "En allant au Rwanda, je voulais être proche du corps qui a été mutilé, violenté, violé"

Dorothée Munyaneza avait douze ans quand, en 1994, fuyant son pays, le Rwanda, pour échapper au génocide dont étaient victimes les Tutsis, elle trouva refuge en Angleterre. 

Danseuse, chorégraphe, mais aussi chanteuse et comédienne, avec Samedi détente en 2014, son premier spectacle, elle racontait les derniers temps d'enfance dans son pays natal avant que le pays ne bascule dans l'horreur. Violence au cœur de la violence, crime parmi les crimes, au Rwanda comme dans d'autres conflits, le viol faisait partie de l'arsenal des génocidaires. 

En 2017, c'est l'histoire des femmes qui en avaient été victimes, souvent des mères, et celle des enfants nés de ces crimes, qu'aborde Dorothée Munyaneza dans sa deuxième chorégraphie, Unwanted.

Invitée de Romain de Becdelièvre la chorégraphe raconte comment Unwanted est né, comment elle l'a voulu et conçu.

Je suis allée les voir au Rwanda, parce que je voulais en faire un spectacle, être proche physiquement du corps qui a été mutilé, violenté, violé. Ces femmes ont accepté de me recevoir, de me parler. J'étais partie avec une petite machine pour enregistrer. Je voulais qu'on entende la poésie, la beauté de cette langue, qu'on prenne le temps...

J'avais besoin de porter ces voix. Je leur avais demandé si je pouvais les photographier. Presque tout le temps, elles s'éclipsaient. Elles allaient se laver, se changer, revêtir leur plus bel habit. 'Unwanted', c'est aussi parler de cette féminité, de cette beauté qu'elles se réappropriaient à nouveau, cette dignité.

• Par Romain de Becdelièvre 
• Réalisation Lise-Marie Barré
• Par les temps qui courent - Dorothée Munyaneza (1ère diffusion : 13/10/2017)
• Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France