Être sans-logis en 1955 : "Nous allions coucher dans les bois quand nous ne pouvions plus payer l'hôtel"

L'Abbé Pierre à Paris en février 1954. Il s'est lancé dans une "Croisade de la Charité", déclenchant un mouvement de solidarité vers les sans abris qui couchent dehors malgré le froid intense.
L'Abbé Pierre à Paris en février 1954. Il s'est lancé dans une "Croisade de la Charité", déclenchant un mouvement de solidarité vers les sans abris qui couchent dehors malgré le froid intense. ©AFP - Intercontinentale
L'Abbé Pierre à Paris en février 1954. Il s'est lancé dans une "Croisade de la Charité", déclenchant un mouvement de solidarité vers les sans abris qui couchent dehors malgré le froid intense. ©AFP - Intercontinentale
L'Abbé Pierre à Paris en février 1954. Il s'est lancé dans une "Croisade de la Charité", déclenchant un mouvement de solidarité vers les sans abris qui couchent dehors malgré le froid intense. ©AFP - Intercontinentale
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Dans son reportage "Un toit pour tout le monde" la journaliste Clara Candiani effectuait un bilan de la situation des personnes sans logements à Paris, un peu plus d'un an après "l'insurrection de la bonté" provoquée par l'Abbé Pierre durant l'hiver 1954.

Près de deux ans après "l'insurrection de la bonté" provoquée par l'Abbé Pierre durant l'hiver 1954, la journaliste Clara Candiani se penchait sur la situation des sans-logis à Paris.

Elle décrit le problème des taudis et des sans-logis et donne des chiffres sur l'état sanitaire de l'habitat  parisien.

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Elle a rencontré des squatters de la rue du Faubourg-Saint-Antoine et interroge une femme qui travaille mais qui n'a pas les moyens de payer un loyer pour se loger avec ses cinq enfants. Une autre femme qui travaille dans la confection de poupées à domicile explique la situation financière de sa famille. 

Plus loin dans Paris, dans le 17ème arrondissement, nous rencontrons un couple de "relogés" qui parle de sa situation difficile avant d'être relogé au Château des Ternes. Il leur est arrivé de devoir dormir dans les bois : 

Nous allions coucher dans les bois quand nous ne pouvions plus payer l'hôtel. Parfois nous avions le choix entre manger et dormir, il fallait choisir.  

"L'insurrection de la bonté de l'hiver 54 a été un feu de paille"

Une amie, elle-même hébergée par l'Abbé Pierre, les accueille et ils ont fini par trouver ce logement provisoire au Château des Ternes grâce à l'organisme ASLAP. L'amélioration de leur situation va leurs permettre de récupérer leurs enfants.

Un membre de l'ASLAP (Aide aux sans-logis de la Région parisienne), présente des membres bénévoles de l'organisme créé après l'appel de l'Abbé Pierre. Les squattages ont permis de loger 1500 personnes. L'ASLAP signale les locaux vides et demande des réquisitions comme pour le Château des Ternes, une réquisition légale. Par ailleurs l'organisme travaille sur l'aspect légal de la construction de nouveaux logements. 

La journaliste se rend ensuite à la cité des Paloyeaux, cité de transit créée en 1955 pour aménager un îlot qui était insalubre. Elle interviewe la responsable de cet immeuble qui donne les tarifs des logements et explique le relogement des personnes âgées, qui sont ici une quarantaine. Une femme de 83 ans se dit satisfaite de son relogement, elle bénéficie dorénavant du chauffage central. 

Clara Candiani effectue un bilan de l'hiver 1954, elle évoque les réquisitions d'immeubles vides et "l'insurrection de la bonté "comme un "feu de paille".  Cependant les cités d'urgence ont tout de même permis de reloger beaucoup de monde, et l'Abbé Pierre a provoqué une large prise de conscience de la situation des sans-logis, tant auprès des Français que de l'Etat. 

  • Par Clara Candiani
  • Documents - Un toit pour tout le monde (1ère diffusion : 14/11/1955 Paris Inter)
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