

Peut-on établir un parallèle entre Bécassine et Proust ? Goethe était-il le premier critique de la bande dessinée ? La réponse à ces questions avec Francis Lacassin qui retraçait l'histoire de la bande dessinée dans les "Les Sentiers de l'humour", en mars 1972, au micro de Mina et André Guillois.
Au début de cet entretien, Francis Lacassin auteur d'un essai intitulé Pour un 9ème art, la bande dessinée, dresse le portrait de l'amateur de bandes dessinées dont il fait, bien sûr partie. Ensuite il revient sur l'histoire et le développement de la bande dessinée en débutant par celui que l'on peut considérer comme le véritable père de la B.D, Rodolphe Töpffer :
A tout point de vue c’est Töpffer qui, de 1827 à 1837, a rédigé sept ou huit albums qui avaient le format de la bande dessinée, c’est à dire tel qu’il apparaît dans les quotidiens avec trois ou quatre images qui se suivent à l’horizontale...
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Il explique comment Töpffer, maître d'école suisse, créa une des premières bandes dessinées.
Ses albums contenaient des récits imaginaires qui étaient destinés à distraire ses élèves. Ses cahiers calligraphiés ont circulé un peu partout, ils sont même tombés entre les mains de Goethe qui a trouvé cela génial et qui s’est dit "mais pourquoi ne les publie-t-il pas ?" Töpffer a finalement suivi ce conseil et il les a publiés... On peut dire que Goethe a été le premier critique de la bande dessinée.
Fancis Lacassin évoque Christophe, le créateur de la bande dessinée française avec, notamment, La Famille Fenouillard, mais aussi les célèbres images d’Epinal, qui, petit à petit, forment des planches avec plusieurs images et un texte. En 1895, la bande dessinée apparaît en Amérique sous la forme de caricatures avec des ballons. Là-bas, il note que le genre est avant tout humoristique, d'ailleurs on appelle toujours cette forme d'art "comics" outre-Atlantique. Le grand tournant arrivera en 1929 avec l'adaptation de Tarzan en bande dessinée, "une histoire de sang, de volupté et de mort". Le genre s’ouvre alors à de nombreuses variations policières et d'aventures.
Autre date importante, l’apparition des Pieds nickelés de Louis Forton, en 1908 :
Louis Forton inventeur des "Pieds nickelés" a réussi dans la bande dessinée parce qu’il n’avait jamais fait les Beaux-Arts. Les gens qui avaient fait les Beaux-Arts savaient dessiner et n’avaient pas du tout l’intention de faire de la bande dessinée. Comme il a appris à dessiner tout seul il a brisé le carcan de l’art pompier.
Il a créé des personnages à contre-courant de la bande dessinée de l’époque qui était faite pour des enfants sages. (...) Forton est sorti du conformisme habituel, il a mis en scène des voleurs, il a rendu sympathique trois voleurs qui faisaient la bamboche !
- Par Mina Guillois et André Guillois
- Avec Francis Lacassin
- Les Sentiers de l'humour - La bande dessinée (1ère diffusion : 22/03/1972)
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