Françoise Vergès : "Après la décolonisation, l'histoire coloniale et raciale disparaît dans la construction du récit féministe français"

François Vergès lors d'une table à Nantes en 2016, sur le thème "une table-ronde sur la "Traite, esclavage et racisme : quelles conséquences aujourd'hui ? Quels combats ?"
François Vergès lors d'une table à Nantes en 2016, sur le thème "une table-ronde sur la "Traite, esclavage et racisme : quelles conséquences aujourd'hui ? Quels combats ?" - Llann Wé, via wikimédia
François Vergès lors d'une table à Nantes en 2016, sur le thème "une table-ronde sur la "Traite, esclavage et racisme : quelles conséquences aujourd'hui ? Quels combats ?" - Llann Wé, via wikimédia
François Vergès lors d'une table à Nantes en 2016, sur le thème "une table-ronde sur la "Traite, esclavage et racisme : quelles conséquences aujourd'hui ? Quels combats ?" - Llann Wé, via wikimédia
Publicité

Pour mieux comprendre le sens d'un féminisme décolonial : "À voix nue - Françoise Vergès", quatrième d'une série de cinq entretiens diffusé la première fois le 1er mars 2018 sur France Culture.

Avec

Le féminisme militant de la politologue Françoise Vergès est "décolonial". Comment entendre ce féminisme-là ? 

Présentant son ouvrage paru en 2019, dont le titre est précisément Un féminisme décolonial, Françoise Vergès dit : "Ce que j’appelle féminisme décolonial, c’est un féminisme qui, tout en reconnaissant qu’il y a une domination masculine, ne se focalise pas sur la question de l’égalité de genre".

Publicité

Elle ajoute : "En faisant sienne la fiction selon laquelle le colonialisme a pris fin en 1962, le féminisme s’est leurré sur l’existence d’un vaste territoire ‘ultramarin’ issu de la période esclavagiste et post-esclavagiste comme la présence en France de femmes racisées. Complice alors des nouvelles formes du capitalisme et de l’impérialisme, il demeure silencieux sur les nouvelles formes de colonialité et de racisme d’État dans les Outre-mer et en France."

Dans cet entretien avec Nedjma Bouakra, Françoise Vergès explique ce que doivent ses engagements à son origine familiale réunionnaise. Elle revient aussi sur un moment de l'histoire de la Réunion qui est au centre de son livre précédent, Le Ventre des femmes : capitalisme, racialisation, féminisme : dans les années 70, des avortements et stérilisations pratiqués à leur insu sur des centaines de femmes réunionnaises.  

Elle analyse également le lien complexe entre féminisme et "féminisme décolonial " notamment dans les années 70, après la décolonisation : 

La plupart des groupes qui constituent le mouvement féministe en France va rester aveugle et sourd à la question de sa propre généalogie, de sa propre histoire. Son récit se construit en rapport avec la domination masculine blanche (c'est la longue marche vers les droits) et l'histoire coloniale et raciale disparaît complètement de la construction de la société dans le récit féministe. 

  • Par Nedjma Bouakra
  • Réalisation : Nathalie Salles
  • A voix nue - Françoise Vergès : 4/5, Autant en emportent les femmes (1ère diffusion : 01/03/2018)
  • Indexation web : Documentation Sonore de Radio France

L'équipe