Georges-Arthur Goldschmidt : "Traduire : cette joie de l’écriture dont on n’est pas responsable" : épisode 4/12 du podcast La Nuit de la traduction

Manuscrit de Franz Kafka (1909) conservé par son ami Max Brod. Bibliothèque Nationale d'Israël.
Manuscrit de Franz Kafka (1909) conservé par son ami Max Brod. Bibliothèque Nationale d'Israël. - © הספרייה הלאומית, ארכיון מכס ברוד The National Library of Israel. Max Brod Archive.
Manuscrit de Franz Kafka (1909) conservé par son ami Max Brod. Bibliothèque Nationale d'Israël. - © הספרייה הלאומית, ארכיון מכס ברוד The National Library of Israel. Max Brod Archive.
Manuscrit de Franz Kafka (1909) conservé par son ami Max Brod. Bibliothèque Nationale d'Israël. - © הספרייה הלאומית, ארכיון מכס ברוד The National Library of Israel. Max Brod Archive.
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Le 2 mars 2004, Georges-Arthur Goldschmidt était l’invité d’Antoine Perraud. Il évoquait son parcours et ses liens puissants avec l’allemand et le français, deux langues qu’il analyse avec une grande finesse.

Avec

Une langue c’est comme un visage, comme un être humain, c’est aussi merveilleusement précieux et aussi fragile qu’un visage, exposé aux coups des autres.

Connu pour ses traductions du Procès et du Château de Kafka, d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche et de quelques vingt-cinq livres de Peter Handke, Georges-Arthur Goldschmidt est aussi l’auteur d’essais sur Molière, Freud ou Rousseau, et de plusieurs récits à teneur autobiographique. 

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Né en en 1928 à Reinbeck, une banlieue résidentielle de Hambourg, dans une famille de la bourgeoisie juive assimilée et convertie au protestantisme deux générations plus tôt, il dût quitter ses parents à l’âge de dix ans, en 1938, pour fuir la terreur nazie. 

Réfugié d’abord en Italie puis en Haute-Savoie sous l’Occupation, il s’installa à Paris à la Libération, et devint professeur. Dans son essai en partie autobiographique Un Poing dans la bouche, il explorait une existence située entre deux langues : sa langue maternelle, l’allemand, et la langue apprise, le français.

C’est le français qui m’a rendu l’émerveillement de ma langue d’enfance ; l’allemand a été détruit partiellement par la LTI, la "Lingua Tertii Imperii", langue du Troisième Reich si bien étudiée par Victor Klemperer dans ses admirables livres.(…) Quand on m’a fait préparer le Bac, tout à coup, j’ai retrouvé l’allemand, à mon grand étonnement, préservé.

Il y a eu deux langues allemandes en moi : la langue de l’émerveillement de l’enfance, cette langue admirable des Contes de Grimm, qui est une langue d’une simplicité et d’une fluidité exceptionnelle et cette langue que j’ai apprise à la Sorbonne, faite de naïvetés juxtaposées, qui impressionnent tellement les philosophes français.

Georges-Arthur Goldschmidt évoque les traductions de Kafka par Alexandre Vialatte, en prenant des exemples précis. Conscient qu’une traduction n’est finalement jamais réussie et qu’il faut régulièrement retraduire un texte.  Il souligne les liens entre un écrivain et son traducteur :

J’ai traduit vingt-trois livres de Peter Handke et ça c’est formidable. D’ailleurs il a rendu hommage à ses traducteurs dans un livre magnifique qui s’appelle "L’Après-midi d’un écrivain" où il décrit très bien ce que c’est que de traduire, cette joie de l’écriture dont on n’est  pas responsable. Mais on est responsable de l’exactitude.

  • Par Antoine Perraud
  • Réalisation : Christine Berlamont
  • Tire ta langue - Allemand-Français vice-versa, avec Georges-Arthur Goldschmidt (1ère diffusion : 02/03/2004)
  • Rédaction web : Véronique Vecten, Documentation sonore de Radio France

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