Henry Torrès : "Chaque citoyen américain est persuadé qu’il peut devenir Président des Etats-Unis"

Cinémas à Broadway, New York, 1947.
Cinémas à Broadway, New York, 1947.  ©Getty - Photo by Hulton Archive/Getty Images
Cinémas à Broadway, New York, 1947. ©Getty - Photo by Hulton Archive/Getty Images
Cinémas à Broadway, New York, 1947. ©Getty - Photo by Hulton Archive/Getty Images
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Dans cette table ronde, enregistrée en 1947, quatre français, de retour des Etats-Unis, livrent leurs impressions à Paul Guimard. On y évoque la vie quotidienne, la liberté d’expression, la vitalité de la jeunesse, la philosophie du travail ou encore l’importance du fairplay et des clubs de femmes…

Avec
  • Henry Torrès Avocat, journaliste et homme politique français (1891-1966)
  • Pierre Balmain Grand couturier (1914-1982)
  • Maurice Bessy Écrivain et historien du cinéma français (1910-1993)

Il y a d’abord cette philosophie fondamentale du fairplay qui distingue l’Amérique, selon l’avocat Henry Torrès, qui a fait plusieurs séjours à New York. Et puis cette "prodigieuse et miraculeuse liberté, cette liberté d’expression absolue" :    

Nous avons dirigé un journal, au moment où l’Amérique refusait de reconnaître le gouvernement du Général de Gaulle. Nous avons fait campagne contre le gouvernement américain, trois meetings contre le président Roosevelt à New York, et je n’ai jamais eu la moindre menace, intimidation ou brimade administrative.

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Maurice Bessy écrivain et scénariste, s’étonne de la facilité avec laquelle les Américains prennent l’avion, "l_es mains dans les poches"_, aussi facilement que les Français prennent le métro ! Et de poursuivre son observation sur l’Amérique au travail :     

Chez nous, nous avons l’impression que nous travaillons pour cette chose horrible qu’on appelle "gagner sa vie". L’Américain lui, donne l’impression qu’il travaille, non pas tant pour gagner sa vie, mais pour améliorer sa vie, son standing de vie et le progrès de tous ses semblables.  

Maître Henry Torrès, relève une autre singularité américaine qui l’a particulièrement frappée :   

En Amérique le mot "chance" à une signification qu’il n’a pas en France. En France, la chance c’est gagner ou perdre aux courses. En Amérique avoir une chance c’est la faculté donnée à chaque être humain de partir dans la vie à condition égale avec n’importe qui. Chaque citoyen américain est persuadé qu’il peut devenir Président des Etats Unis.

Le couturier Pierre Balmain, de son côté, a été très impressionné par les clubs de femmes américains, et par le nombre important de manteaux de vison portés par les New-yorkaises. Des femmes qui seraient détentrices selon lui, de 80% de la richesse des Etats-Unis...

Il se dégage de ce tour de table radiophonique d’après-guerre l’idée que l’Amérique est, sans aucun doute, un pays d’avenir, ainsi selon Maurice Bessy :  

L’Amérique ne regarde pas en arrière mais en avant. Dans la naïveté de ce peuple, il y a cette chose réconfortante, c’est que l’on voit cette jeunesse perpétuellement en mouvement, perpétuellement au travail, dont on a l’impression qu’il en sortira quelque chose...

  • Par Paul Guimard 
  • Avec Maurice Bessy, Pierre Balmain, Henry Torrès et Maurice Van Moppes
  • Tribune de Paris - La vie quotidienne en Amérique (1ère diffusion : 10/09/1947 Chaîne Nationale)
  • Indexation web : Sylvain Alzial pour la Documentation Sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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