En 1962, Alfred Hitchcock accorde un long entretien à François Truffaut. En 1999, cette conversation, traduite par Helen Scott, est diffusée en 25 épisodes sur France Culture. Dans ce huitième épisode nous apprenons comment Hitchcock est devenu le plus américain des cinéastes anglais.
Pour François Truffaut, le cinéma anglais est un tue-l'amour
Dans ce huitième entretien entre François Truffaut et Alfred Hitchcock , enregistré en 1962, puis diffusé en 1999 sous la forme d'une série en 25 épisodes, les deux cinéastes comparent le cinéma britannique avec le cinéma américain.
En Angleterre Hitchcock a développé son instinct et cultivé le jaillissement de ses idées personnelles. Sa technique filmique avec la caméra est acquise depuis son premier film The Lodger.
Pour Truffaut, ces premiers films d’ Hitchcock avaient déjà "un style américain". Le réalisateur français affirme, avec une méchanceté assumée, que l’Angleterre est un pays anti-cinématographique. Sa campagne, ses acteurs, trop réalistes, son humour distancé, empêchent d’aller au fond de l’émotion et de raconter des péripéties auxquelles le public doit adhérer. À l’opposé de l’esthétique et de la stylisation du jeu des acteurs hitchcockiens.
Pour Hitchcock cela tient à l'esprit insulaire anglais. Alors qu’aux USA, il adopte un point de vue moins étroit, à l’échelle mondiale. Il donne pour exemple son premier film anglais tourné en Amérique, Rebecca en 1940. Aurait-il tourné le même film avec les mêmes acteurs mais en Angleterre ? Comment se fait-il que le cinéma anglais soit si peu prodigue à l’exception de Chaplin et Hitchcock ?
La création de la London Film Society, et du "rang des millionnaires"
Hitchcock l’explique par le dédain des classes dites supérieures en Angleterre pour ce divertissement populaire. Il raconte comment fut instauré dans les salles de cinéma, le "rang des millionnaires" en mezzanine.
Jusqu’en 1925-1926 le cinéma anglais était une production rustique destiné à une consommation locale. Puis, quelques étudiants, intellectuels s’intéressèrent au cinéma étranger russe et français, et infiltrèrent l’industrie du cinéma par la filière technique.
Ainsi fut créée la London Film Society sur le modèle de la Stage Society pour le théâtre, proposant des séances le dimanche après-midi. Hitchcock mentionne l’immense l’intérêt qu'il a depuis toujours pour le cinéma américain, méprisé par la presse et les critiques anglais qui lui préfèrent les films européens. Critiques que les deux réalisateurs trouvent en général sans goût ni intérêt. Le gout d’Hitchcock pour le cinéma américain remonte à son adolescence à 16 /17 ans, au moment il pratique le lettrage des titres des maquettes publicitaires. Le dessin donc mais à des fins commerciales. Il postule en Angleterre pour un studio américain pour lequel il se propose de dessiner des titres.
Il est attiré par le professionnalisme et la modernité de l'esprit qui y règne. En dépit du fait qu’il ne posera pas le pied aux USA avant 1937, il est capable de décrire New York : rues, magasins, comme s'il l'avait toujours connu.
- Production : Serge Toubiana et Nicolas Saada
- Entretiens avec Alfred Hitchcock par François Truffaut 08/25 - Traduction : Helen Scott
- Enregistrement 13/08/1962 - 1ère diffusion 13/10/1999
- Edition web : Anne de Biran et Sandrine England
L'équipe
- Production
- Production déléguée
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Production déléguée
- Production déléguée