Deuxième et dernière partie d'un hommage radiophonique au poète Pierre Reverdy intitulée "Solitude secourable" avec des témoignages de ceux qui l'ont connu, Jean Rousselot, Jean Denoël, Hugues Panassié et Alain Cuny, première diffusion en février 1973.
- Pierre Reverdy Poète
- Alain Cuny Acteur français
Si l’œuvre de Pierre Reverdy paie son hermétisme et sa discrète complexité par l’oubli dans laquelle elle semble être jetée, la personnalité de Reverdy est encore plus difficile d’accès. Peu, voire aucune œuvre n’a été écrite à ce sujet, là où les biographies d’auteurs et de poètes sont généralement légion.
Dans cette deuxième partie de l’Hommage à Reverdy diffusé pour la première fois en 1973 le poète est raconté par ceux qui l’ont connu : Jean Denoël, Hugues Panassié, Jean Rousselot et Alain Cuny nous plongent dans son intimité;
On découvre un Reverdy bavard, orateur, captivant, enclin aux crises de colères. Sa personnalité divise : Cocteau par exemple dit traverser la route pour éviter de croiser Reverdy, qui méprisait sa mondanité et son extravagance perçue comme de la fausseté.
Hugues Panassié à propos du caractère de Reverdy, se souvient : Il était toujours prêt à donner son amitié, à aller vers les êtres, il les aimait. Seulement il était hypersensible, il avait une sensibilité beaucoup plus grande que la moyenne des gens, et de même du côté de l'intelligence ce qui fait qu'il avait beaucoup de désillusions. Il était angoissé, mais ce n'était pas un état permanent chez lui, loin de là (…) Reverdi intime était un homme qui parlait de toutes sortes de choses et souvent avec beaucoup d'humour, il aimait rire.
Hugues Panassié évoquait également un enregistrement de Pierre Reverdy disant sa poésie Fonds secrets, sur un accompagnement du trompettiste Philippe Brun et du guitariste Joseph Reinhardt, du Hot Club de France, un enregistrement de jazz rare que l'on peut entendre dans l'émission et qui ne fut édité que des années plus tard.
C’est aussi une figure orgueilleuse et entêtée qui se dessine, et dont l’honnêteté laissait transparaître une condescendance certaine à l’égard de ceux qui occupaient en permanence l’espace public. Cette envie de vérité, de contrevenir aux lois artificielles de sociabilité et de la célébrité le poussent à s’isoler, notamment au moment de sa conversion au catholicisme où il se retire près de l’abbaye de Solesmes dans la Sarthe.
Jean Rousselot évoque son caractère soupe au lait, "on se brouillait beaucoup avec Reverdy et très facilement car il était d'une susceptibilité très vive, très écorchée. (…) Il avait une certaine faculté de rancune".
Le titre « solitude secourable » de cette émission fut de ce fait bien trouvé : si Reverdy s’est contraint à cette solitude, son besoin de l’autre finit par la lui rendre insupportable, et les témoignages de ses amis brossent un portrait bien plus nuancé que l’écho mythifié d’une figure noire et brutale.
Alain Cuny perçoit une blessure secrète : "Il souffrait de ne pas avoir le rang et la place de poète qu'il estimait devoir lui revenir. Il souffrait aussi d'être pauvre. Il a plusieurs fois refusé les invitations que Picasso lui adressait dans le midi, il ne voulait pas dépendre matériellement de Picasso malgré l'hommage incommensurable qu'il lui rendait. Il était extrêmement indépendant".
Lectures par Roger Blin, Catherine Lecouey, Alain Cuny, et Pierre Reverdy lui-même (archives).
- Par Claude Petit-Castelli
- Avec en archives, la voix de Pierre Reverdy
- Hommage à Pierre Reverdy 2/2 : Solitude secourable (1ère diffusion : 24/02/1973)
- Indexation web : Sandrine England, Documentation sonore de Radio France
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