Jacqueline Duhême : "J'ai eu de la chance, j'ai toujours fréquenté des gens épatants"

L’illustratrice et auteure aura connu toutes les célébrités, Paul Eluard, Henri Matisse, Pablo Picasso, Jacques Prévert, mais aussi la débrouille des gamins des rues et l’Assistance publique. Jamais impressionnée, mais sensible et réactive, Jacqueline Duhême charme tous ceux qu’elle croise, par ses dessins, son amour de la poésie et son franc-parler. 

Sa mère, suffragette, ne voulait pas se marier, elle voulait faire des enfants toute seule. Née "sur le paillasson du château de Versailles" comme s’en amusait Jacques Prévert, Jacqueline Duhême en conclut avec malice "o_n n’est pas obligé de connaitre son père pour avoir une vie intéressante."_

Dans la librairie de sa mère à Neuilly-sur-Seine, elle apprend toute seule à lire :

J’aimais pas la semaine de Suzette, je trouvais ça assez tarte, un petit peu bourgeois, ça me correspondait pas vraiment […] J’aimais pas Bécassine, parce que je trouvais que c’était une connasse cette bonne femme.

Une amie ouvrière lui parle de Jacques Prévert présent à  "La Maison de la pensée française", un hôtel particulier récupéré par le parti communiste, "moi j’y allais parce que j’avais pas de famille." 

Elle tombe amoureuse de Paul Eluard, rencontré lors d’une séance de dédicace :

Il était beau Paul […] J’étais complètement amoureuse de lui. Je lui ai écrit 130 lettres d’amour avec plein de dessins. Il m'envoyait des télégrammes ou une photo.[… ] Je me suis fait engueuler par Elsa Triolet. Paul ça le faisait marrer. Je me suis fait aussi engueuler par Thorez.

• Par Philippe Garbit 
• Réalisation : Virginie Mourthé
• Avec la collaboration de Hassane M'Béchour 
• Indexation web : Véronique Vecten, Documentation Sonore de Radio France
• La Nuit rêvée de Jacqueline Duhême - Entretien 1/3 (1ère diffusion : 03/11/2019)