Jane Evelyn Atwood 1/3 : "J'étais fascinée par Diane Arbus et si j'ai fait de la photo c'était grâce à elle"

Blondine, Rue des Lombards, Paris,1976-1977
Blondine, Rue des Lombards, Paris,1976-1977 - Jane Evelyn Atwood
Blondine, Rue des Lombards, Paris,1976-1977 - Jane Evelyn Atwood
Blondine, Rue des Lombards, Paris,1976-1977 - Jane Evelyn Atwood
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Premier entretien de la "Nuit rêvée" de Jane Evelyn Atwood avec Albane Penaranda. Présentant les archives qu'elle a choisies, la photographe évoque James Baldwin, Diane Arbus, Lisette Model...

Avec

James Baldwin, la photographe Diane Arbus, Daniel Defert, l'écrivain haïtien Lyonel Trouillot, l'écrivain-reporter Ryszard Kapuściński et Odile Converset, spectatrice de cinéma non-voyante… À l'écoute des archives qu'elle a choisies pour sa Nuit rêvée, nous refaisons en compagnie de Jane Evelyn Atwood quelques-uns des voyages, quelques-unes des rencontres et des expériences qui ont jalonné sa vie de photographe commencée au milieu des années soixante-dix.

Jeune américaine à Paris, photographe néophyte, c'est par le plus périlleux des reportages qui soient qu'elle s'était lancée dans la carrière, suivant toute une année une prostituée, maîtresse SM, dans un hôtel de passe de la rue des Lombards. À lui seul, ce premier travail aurait suffi à la ranger aux côtés des très grands photographes de son temps. Pour s'en convaincre, il suffit de revoir ces photographies dans la parfaite édition qu'en ont proposée les Éditions Xavier Barral en 2011. Jane Evelyn Atwood a depuis la rue des Lombards suivi son chemin sur cette planète, s'appliquant à pousser les portes des lieux interdits au public, à pénétrer les institutions fermées, à regarder ce que nous ne savons, ou ne voulons, pas voir : le Darfour, Haïti, les prisons de femmes, les ravages des mines antipersonnel, les aveugles, les soldats de la Légion étrangère, le Sida… Inlassablement, mettant toujours le temps de son côté pour des projets au long cours, sans ne jamais rien sacrifier au voyeurisme, mais tout à la dignité des êtres, elle nous rappelle par ses photographies que nous sommes de ce monde. Quel est le secret de leur force émotionnelle, de leur rigueur morale et esthétique ? Cette Nuit rêvée est peut-être une occasion de le comprendre.

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Dans ce premier entretien Jane Evelyn Atwood évoque son enfance aux Etats-Unis, son choix de s'installer en France, son amitié avec James Baldwin. Elle se souvient de ses débuts dans la photographie et de ses influences majeures, telles que Diane Arbus et Lisette Model :

J'étais fascinée par Diane Arbus et si j'ai fait de la photo c'était grâce à Diane Arbus. Au début quand j'ai vu ses photos, ce n'était pas pour ses photos, je suis venue voir une femme qui s'était suicidée car dans ma famille il y avait eu un suicide et cela avait été extrêmement bouleversant. Je suis allée à cette expo pour voir 'la femme qui s'était suicidée et qui avait fait ces photos-là. Moi je voulais voir la personne qui avait choisi de ne plus vivre. C'est cela qui m’intriguait. Mais les gens sur les photos ne m'ont jamais quittée.

Son soulagement quand Lisette Model, qui avait bien connu Diane Arbus, lui a parlé d'elle :

Elle a dit quelque chose de très important, car j'étais en train de m'identifier totalement avec Diane Arbus : vous savez, m'a-t-elle dit, Diane était une jeune femme très malade, vous n'avez pas besoin d'être malade comme elle pour faire les photos que vous faites. Et cela m'a libérée. C'était très important pour le reste de ma vie, et pour mes photos.

Ecouter la deuxième partie de l'entretien et la dernière.

  • Production : Albane Penaranda
  • Réalisation : Virginie Mourthé
  • Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France

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