Deuxième entretien de la "Nuit rêvée" de Jane Evelyn Atwood avec Albane Penaranda. Présentant les archives qu'elle a choisies, la photographe évoque son travail de photographe, et des personnalités qui l'ont marquée, qu'on entendra aussi cette nuit comme Daniel Defert ou Ryszard Kapuscinski.
- Jane Evelyn Atwood Photographe
James Baldwin, la photographe Diane Arbus, Daniel Defert, l'écrivain haïtien Lyonel Trouillot, l'écrivain-reporter Ryszard Kapuściński et Odile Converset, spectatrice de cinéma non-voyante… À l'écoute des archives qu'elle a choisies pour sa Nuit rêvée, nous refaisons en compagnie de Jane Evelyn Atwood quelques-uns des voyages, quelques-unes des rencontres et des expériences qui ont jalonné sa vie de photographe commencée au milieu des années soixante-dix.
Jeune américaine à Paris, photographe néophyte, c'est par le plus périlleux des reportages qui soient qu'elle s'était lancée dans la carrière, suivant toute une année une prostituée, maîtresse SM, dans un hôtel de passe de la rue des Lombards. À lui seul, ce premier travail aurait suffi à la ranger aux côtés des très grands photographes de son temps. Pour s'en convaincre, il suffit de revoir ces photographies dans la parfaite édition qu'en ont proposée les Éditions Xavier Barral en 2011. Jane Evelyn Atwood a depuis la rue des Lombards suivi son chemin sur cette planète, s'appliquant à pousser les portes des lieux interdits au public, à pénétrer les institutions fermées, à regarder ce que nous ne savons, ou ne voulons, pas voir : le Darfour, Haïti, les prisons de femmes, les ravages des mines antipersonnel, les aveugles, les soldats de la Légion étrangère, le Sida… Inlassablement, mettant toujours le temps de son côté pour des projets au long cours, sans ne jamais rien sacrifier au voyeurisme, mais tout à la dignité des êtres, elle nous rappelle par ses photographies que nous sommes de ce monde. Quel est le secret de leur force émotionnelle, de leur rigueur morale et esthétique ? Cette Nuit rêvée est peut-être une occasion de le comprendre.
Dans ce deuxième entretien Jane Evelyn Atwood parle de photographie :
Une photographie réussie est une photo qui m'émeut tout simplement. […] J'enseigne et je donne des stages de photographie […] mais je n'enseigne que du 'Jane Evelyn Atwood', j'enseigne une éthique, ce qui a marché pour moi et ce qui n'a pas marché. Mais j’enseigne peu car si j'enseigne trop je n'ai plus envie de faire de de la photo.
Puis elle évoque les personnalités de Daniel Defert, le fondateur de l'association AIDES qui était par ailleurs le compagnon de Michel Foucault, et de Jean-Louis, un homme atteint du SIDA qu'elle a photographié :
J'ai commencé à le photographier tous les matins à six heures. Très vite il est devenu évident qu'il fallait que je reste avec lui 24h/24 pour le prendre en photo. Alors je me suis installée chez lui, c'est la seule fois que j'ai fait cela en tant que photographe, mais c'était absolument nécessaire pour cette histoire. Il m'a dit : 'Vous savez je n'ai pas longtemps à vivre. Est-ce que vous allez avoir assez de temps pour faire l'histoire que vous voulez faire ?' […] J'ai la prétention de dire qu'il a vécu plus longtemps grâce à ces photographies. Jean-Louis adorait être photographié.
Ecouter la première partie de l'entretien et la dernière.
- Production : Albane Penaranda
- Réalisation : Virginie Mourthé
- Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
- Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
L'équipe
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