Jean Grémillon à propos des films sur l'art : "Il y a des trahisons qui sont la plus grande manifestation de la fidélité"

Picasso : "Guernica" à New York.
Picasso : "Guernica" à New York. ©Getty - Pierre MICHAUD /Gamma-Rapho via Getty Images
Picasso : "Guernica" à New York. ©Getty - Pierre MICHAUD /Gamma-Rapho via Getty Images
Picasso : "Guernica" à New York. ©Getty - Pierre MICHAUD /Gamma-Rapho via Getty Images
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En 1952, sur la Chaîne Nationale, André Bazin, co-fondateur des Cahiers du cinéma, publication qui allait s'imposer parmi les revues artistiques et intellectuelles, participe à un débat de la "Tribune de Paris" autour de la question : "Le film sur l'art trahit-il l'art ?"

À un moment où les courts métrages qui s'intéressaient aux peintres et à la peinture, et à l'art en général, suscitaient l'intérêt d'un public assez large et concernaient des réalisateurs importants, ce débat réunissait du beau monde aux côtés d'André Bazin : outre le critique Henri Martini, on pouvait y entendre Emmanuel Berl  (journaliste et historien), André Chamson (conservateur du Petit Palais), Jean Grémillon (metteur en scène) et le peintre Fernand Léger.

"Le film sur l'art trahit-il l'art ?". La question se pose à l’époque et provoque des querelles. Partisans et détracteurs argumentent avec passion. Quelques-uns, tel Emmanuel Berl, se montrent réticents et argumentent que le cinéma, avec son rendu des échelles et des couleurs, trompe le spectateur. Cependant, la majorité des invités, tel Fernand Léger, y est favorable : "on doit continuer ces procédés pour la vulgarisation des œuvres d’art surtout pour les gens qui n’ont pas le temps ni le loisir de courir les musées"

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C’est l’avis aussi d’Alain Bazin : "Je suis à fond pour ce genre de films - dit-il - il s’agit d’une œuvre d’art au second degré qui prend pour matière première la peinture".

Pour André Chamson, ces films apportent une vision, un regard, une façon d’appréhender l’œuvre toute personnelle et, rappelle-t-il sagement, "o_n ne détruit pas une œuvre d’art parce qu’on a fait un mauvais film sur elle"_. Ce à quoi Jean Grémillon ajoute malicieusement, "il y a des trahisons qui sont la plus grande manifestation de la fidélité".

  • Production : Emile Dana 
  • Tribune de Paris - Le film sur l'art trahit-il l'art ?, une émission diffusée la première fois en janvier 1952 sur la Chaîne Nationale.
  • Indexation web : Odile Joëssel, Documentation sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France