La Nuit rêvée de Jérôme Bel - Entretien 1/3. Le chorégraphe a choisi de faire entendre Pina Bausch, Yvonne Rainer, Simone Forti ainsi qu'un portrait d'Isadora Duncan. La danse donc, mais aussi le théâtre, avec Valérie Dréville, Claude Régy et l'urgence des problèmes climatiques avec Bruno Latour.
- Jérôme Bel Chorégraphe
Au programme de la Nuit rêvée du chorégraphe Jérôme Bel, on ne s'étonnera pas de retrouver la comédienne Valérie Dréville, interprète de Danses pour une actrice, le spectacle qu'il présentait cet automne. Un spectacle comme une proposition d'une histoire de la modernité de la danse au XXe siècle, dont le programme d'archives de cette Nuit est aussi le reflet avec les noms d' Isadora Duncan, d'Yvonne Rainer, de Simone Forti et de Pina Bausch. La danse donc, mais aussi le théâtre, avec Claude Régy, que Jérôme Bel voyait comme un chorégraphe quand lui-même se voit en homme de théâtre. Enfin, conscient de l'urgence des problèmes climatiques, c'est avec Bruno Latour posant la question "où atterrir ?" que Jérôme Bel a choisi de conclure cette Nuit.
Dans ce premier entretien il évoque sa manie des listes. Des listes pour ne rien oublier de ce qu'il lit, voit et entend. Un besoin de références qui rejoint sa passion pour les archives :
Dans ma pratique, la danse, on a beaucoup souffert du manque d’archives. Les représentations ne restent pas… l’histoire ne s’est pas écrite contrairement à la littérature et aux Beaux-Arts. Cela a changé depuis les années 70 avec des créateurs d’avant-garde comme Merce Cunningham qui ont commencé à utiliser des petites caméras. Là, l’histoire de la danse change, depuis cinquante ans, grâce à cet enregistrement, c’est un grand soulagement…
Pourquoi Jérôme Bel peut dire qu'il fait du théâtre :
Je me réfère au théâtre comme dispositif. A la base de tous les spectacles, il y a ce dispositif : quelqu’un debout dans la lumière face à d’autres personnes assises dans obscurité ; à partir de ce dispositif je fais ce que je veux. C’est le théâtre au sens large.
Sur la place des interprètes dans ses spectacles :
Le centre de mes spectacles a toujours été les interprètes. Je préfère toujours, si j’ai un petit budget, par exemple ne pas avoir de décor et avoir trois danseurs de plus. Cela m’intéressera toujours de travailler avec la matière vivante des corps. (...) Ce choix est lié à une esthétique très minimale. Les premiers spectacles critiquaient le consumérisme, le capitalisme, il ne fallait pas produire d’autres objets, donc l’interprète est devenu le sujet principal du travail.
Choisir une actrice pour interpréter certaines danses de la modernité chorégraphique dans Danses pour une actrice (Valérie Dréville) :
Depuis un certain nombre d’années j’essaie de travailler avec des gens qui ne sont pas des danseurs contemporains ou modernes. J’ai travaillé avec des amateurs, avec un danseur classique thaïlandais, avec des handicapés mentaux, des enfants, des personnes âgées, et donc le dernier opus de cette recherche c’est l’actrice et il se trouve que c’est Valérie Dréville.
Ce qui guide Jérôme Bel dans sa pratique de la danse :
La question pour moi, mon projet était de prouver que la danse n'est pas physique mais mentale. Je suis sûr que ce qui est important ce n’est pas comment on fait le mouvement musculairement mais le mental, l’imaginaire, et même plus, le psychique.
- Par Albane Penaranda
- Réalisation : Virginie Mourthé
- Avec la collaboration d'Hassane M'Béchour
- Indexation web : Documentation sonore de Radio France
- La Nuit rêvée de Jérôme Bel - Entretien 1/3 (1ère diffusion : 22/11/2020)
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