

L'écrivaine Joyce Carol Oates nous parle du choix difficile entre loyauté familiale et conscience morale. Son roman "Ma vie de cafard" et le recueil de nouvelles "Femme à la fenêtre" étaient publiés en français aux éditions Philippe Rey au mois de septembre.
- Joyce Carol Oates Ecrivaine
Joyce Carol Oates n’est plus à présenter : plusieurs fois pressentie pour le prix Nobel de littérature, elle est une des autrices les plus importantes et prolifiques de notre époque, entre romans, nouvelles, pièces de théâtre ou encore essais. Elle a en outre remporté de nombreux prix pour ses écrits, y compris le National Book Award pour son roman Eux (1969).
Le pays baigne dans une atmosphère toxique. Beaucoup d’entre nous, écrivains, universitaires, sommes fous d’inquiétude et désorientés, car l’actualité est effrayante. On a un Président qui menace de délégitimer l’élection. (Joyce Carol Oates)
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En septembre, les éditions Philippe Rey publiaient la traduction française de son roman Ma vie de cafard (My life as a rat) ainsi que le recueil de nouvelles Femme à la fenêtre : et autres histoires à suspense. A l’origine, My Life as a Rat est paru en 2003 sous la forme d'une nouvelle intitulée Curly Red dans le Harper's Magazine.
Dans les années 1980 déjà, ses livres creusent les multiples types de violences qui contaminent la société américaine : en fine analyste de la psychologie humaine, Joyce Carol Oates ancre régulièrement ses récits dans une réalité sociologique où se mêlent la pauvreté rurale, le racisme, les tensions sociales, la soif de pouvoir, entre autres thématiques.
Je pense qu’il y a une voix unique pour chaque personnage : le plus difficile, c’est de trouver cette voix singulière, ce ton particulier pour chacun. Ça prend du temps. Les six premières semaines d’écriture d’un roman sont pleines d’incertitudes pour moi, je tâtonne et tout me paraît expérimental ; et puis, petit à petit, j’arrive à connaitre un personnage, et j’entends le rythme de ses paroles. (Joyce Carol Oates)
Avec Ma vie de cafards, on retrouve cette violence et divers autres thèmes inhérents à l’œuvre de Joyce Carol Oates. Le personnage principal, Violet Rue Kerrigan, 12 ans et septième enfant de la famille, passe du statut de fille préférée du père à celui de « cafard » (« rat » en anglais). Elle a en effet dénoncé l'implication de deux de ses frères dans le meurtre d'un jeune Afro-Américain. Les frontières entre loyauté familiale et conscience morale constituent ainsi l’un des soubassements du roman.
Dans ce pays, aux Etats-Unis en particulier, beaucoup de gens s’interrogent sur leur allégeance. Au-delà de notre cercle familial, de notre tribu, nous devons peut être fidélité à un niveau supérieur, celui de la morale, de l’éthique : autrement dit, si vous savez qu’un crime a été commis, […] vous avez l’obligation morale de le dénoncer. Mais au sein des familles, typiquement et traditionnellement, il y a comme une loi du silence, on ne dénonce pas les siens. (Joyce Carol Oates)
Joyce Carol Oates a reçu cette année le prix mondial Cino Del Duca, créé pour saluer une personnalité littéraire ou scientifique qui, « outre ses talents artistiques ou professionnels, s’impose comme un grand humaniste ». Elle succède à Kamel Daoud, lauréat du prix en 2019.
L’écriture exige solitude, calme et méditation, je trouve qu’il est très difficile d’écrire quand il se passe trop de choses. C’est comme si on était en guerre : pas avec des fusils et des balles, pas encore, mais une guerre d’opinion acrimonieuse. (Joyce Carol Oates)
Extraits sonores :
- Philip Roth, extrait du documentaire de François Busnel "Philip Roth, biographie d'une œuvre" (Rosebud Productions, 2015)
- Thelonious Monk, "Blue Monk"
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