Julia Kristeva : "La première image de l’étranger que notre civilisation possède c’est une image d’étrangères, de femmes, les Danaïdes"

Julia Kristeva, philologue, psychanalyste, à Paris en 1987.
Julia Kristeva, philologue, psychanalyste, à Paris en 1987. ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma/Sygma via Getty Images
Julia Kristeva, philologue, psychanalyste, à Paris en 1987. ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma/Sygma via Getty Images
Julia Kristeva, philologue, psychanalyste, à Paris en 1987. ©Getty - Sophie Bassouls/Sygma/Sygma via Getty Images
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Julia Kristeva, en 1988, au micro d'Éliane Contini, présentait aux auditeurs de France Culture "Étrangers à nous-mêmes" qui venait de paraître chez Fayard, (1ère diffusion : 30/12/1988).

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"L'étrangère", c'était le titre de l'article, en 1970 dans La Quinzaine Littéraire, par lequel Roland Barthes saluait le premier livre en français de Julia Kristeva. Julia Kristeva qui, quelques années plus tard, écrivait ceci dans Étrangers à nous-mêmes

"Étranger : rage étranglée au fond de ma gorge, ange noir troublant la transparence, trace opaque, insondable. Figure de la haine et de l'autre, l'étranger n'est ni la victime romantique de notre paresse familiale, ni l'intrus responsable de tous les maux de la cité. Ni la révélation en marche, ni l'adversaire immédiat à éliminer pour pacifier le groupe. Étrangement, l'étranger nous habite : il est la face cachée de notre identité, l'espace qui ruine notre demeure, le temps où s'abîment l'entente et la sympathie. De le reconnaître en nous, nous nous épargnons de le détester en lui-même."

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Peut-être un peu du genre de celles qu'aimait Aragon petit enfant, "l'étrangère" Julia Kristeva, en 1988, interrogée par Éliane Contini, présentait aux auditeurs de France Culture Étrangers à nous-mêmes qui venait de paraître chez Fayard.

Julia Kristeva évoquait l'image de l'étranger chez les Grecs, les Juifs et les premiers Chrétiens :

J’étais très fascinée que la première image de l’étranger que notre civilisation possède c’est une image d’étrangères, de femmes, les Danaïdes. Elle sont présentes dans un fragment d'Eschyle, 'Les Suppliantes'. Elle sont très intéressantes car elles sont de nature double. [...] C'est comme si les Grecs voulaient célébrer à travers l'image de l'étrangère quelque chose de spécifique au contrat social.  Il faut s'arracher à une origine, à un clan pour fonder une autre société.

  • Par Eliane Contini
  • Mise au point - Julia Kristeva pour son livre "Etrangers à nous-mêmes" 
  • 1ère diffusion : 30/12/1988
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
  • Archive Ina-Radio France

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