"L'Histoire en direct", à base d'archives et de témoignages, raconte les derniers moments du combat contre la peine capitale, les derniers événements qui ont conduit le 9 octobre 1981 à la promulgation de la loi portant abolition de la peine de mort, loi publiée le lendemain au Journal Officiel.
10 octobre 1981 : c’est ce jour-là qu’est publiée au Journal Officiel la loi d’abolition de la peine de mort en France, une loi promulguée officiellement la veille, le 9 octobre. Quatre ans plus tôt le 10 septembre 1977 avait eu la dernière exécution capitale à Marseille.
Une longue histoire abolitionniste
En 1988 l'émission "L'Histoire en direct" revient sur ce combat pour l'abolition de la peine capitale, seulement un septennat après l'adoption de la loi, et nous fait remonter aux origines de ce combat séculaire pour tenter d’en comprendre les ressorts. Ce combat initié jadis par de grandes consciences morales comme Victor Hugo est porté au début du XXème par des figures de la classe politique dont le président de la République Armand Fallières. Sous la Cinquième République on prête également au président Pompidou des velléités abolitionnistes. Mais d’une époque à l’autre, ces ambitions s’effacent chaque fois devant l’émotion suscitée dans l’opinion publique par un fait-divers tragique.
L'affaire Buffet/Bontems : tout recommencer
Ce documentaire d'ailleurs s'ouvre sur l'affaire Buffet/Bontems en 1972 et l'assassinat de deux gardiens de prison : les accusés sont condamnés à mort et l'on entend un torrent d'applaudissements dans la salle d'audience à l'annonce du verdict. L'avocat de Claude Buffet, Rémi Crauste, revient sur cette affaire et sur l'exécution qui s'est tenue dans la cour de la prison de la Santé le 28 novembre 1972 au petit matin :
"On a compris tout de suite qu'on allait participer à une boucherie et pas autre chose. [...] Le couperet lui-même avait été mis dans la cour de la Santé et drapé de voiles noirs, de telle sorte qu'on ne le voit pas. On a vu après en sortant à quinze mètres de distance, la flaque de sang que des gardiens étaient en train de nettoyer. Ce jour-là, le 28 novembre 1972, je ne suis pas près de l'oublier il s'est passé quelque chose d'atroce et de dégradant."
Robert Badinter : du courage et de l'éloquence
C’est dire qu’outre des convictions personnelles il faut aussi du courage politique en ce début des années 1980 pour remiser définitivement la guillotine au rayon des antiquités. Du courage et bien sûr un certain charisme, une certaine maîtrise du verbe pour incarner véritablement le dernier acte de ce combat. Charisme et maîtrise du verbe, c’est ce dont fait preuve l’avocat Robert Badinter, garde des sceaux du gouvernement Pierre Maurois dans son grand discours du 17 septembre 1981. Un discours qui passe immédiatement à la postérité comme l’un des grands moments de bravoure de l’histoire de l’Assemblée...
"Je sais pour notre justice ce que représente ce vote et cette page tournée, 191 ans de débats, tant d'efforts et maintenant la France a rejoint le reste de l'Europe. Mais, les abolitionnistes, leurs missions, leurs tâches , leurs obligations, ne s'arrêtent pas avec l'abolition : tout commence. [...] Mais il fallait l'abolition, parce que cette nouvelle justice ne pouvait pas vivre sous le signe de la guillotine." Robert Badinter
- Par Patrice Gélinet
- Avec Pascal Clément, François Romerio, Pierre Bas, Raymond Forni et Rémi Crauste
- Avec en archive, la voix de Robert Badinter
- Lectures Yves Arcanel
- Réalisation Christine Bernard-Sugy
- L'histoire en direct - 10 octobre 1981 : L'abolition de la peine de mort (1ère diffusion : 05/12/1988)
- Archive Ina-Radio France
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