

Avril 1977. L’auteure de "Bonjour tristesse" accueille Jacques Paugam chez elle, dans le fond du quatorzième arrondissement de Paris. "Le lit défait" vient d’être publié. Une interview intimiste, aux allures de confession, aux airs de thérapie.
Le roman est une histoire d’amour entre un auteur de pièces et une comédienne à succès. Sagan était étonnée de sa longueur, elle qui signe traditionnellement par la concision, et explique cela par la découverte d’une complexité grandissante de ses personnages au fil de l’écriture. Elle a préféré les suivre que les ramener à la raison. "Le lit défait" part d’une image, mais aussi d’un poème de Paul Eluard. Il glose sur la douleur dans l’amour, et, de manière surplombante dans son œuvre, sur la solitude. Sur ces bouts de vie qui font oublier la solitude.
La vie est une suite d’instants et le rôle du romancier est de donner une suite logique, de relier ces instants dans un système qu’il invente. C’est la morale. La morale c’est de vouloir relier ces instants dans une direction quelconque.
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Mais est-ce que le rôle de l’écrivain c’est de savoir plus que d’autres sur la vie ? poursuit Jacques Paugam.
Non, l’écrivain a le rôle d’expliquer ce qu’il voit de la vie.
C’est également l’occasion pour Sagan de s’exprimer sur son monde contemporain. Elle déplore la fin des conversations, y compris et surtout dans les relations familiales. L’audiovisuel, le poste de télévision y est pour beaucoup selon elle, il est l’alibi de chacun pour décrocher de sa présence sociale, éviter de parler à l’autre. L’ultra-communication qui se développe alors est, paradoxalement, l’obstacle le plus grand à la conversation. Par l’entrave à la solitude qu’elle commet, il devient impossible d’ « avoir envie » de communiquer.
Entretien mené par Jacques Paugam.
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