En 1989, Martine Breson recueillait les témoignages de l’ethnologue Dominique Camus, de l’historien Gilles Morin et de l'exorciste Isidore Froc, sur les croyances et pratiques de la sorcellerie en Bretagne.
- Dominique Camus
- Gilles Morin Président de l’Association des usagers du service public des Archives nationales (AUSPAN). Chercheur associé au Centre d’histoire sociale du XXe siècle.
Dans ce magazine de Radio Bleue, l'ethnologue Dominique Camus, l'historien Gilles Morin et l'abbé Isidore Froc ainsi que des anonymes évoquent leurs expériences personnelles de la sorcellerie en Bretagne : accidents de voitures, maladies inexpliquées ou phénomènes étranges comme l’apparition de gouttelettes de sang dans un potager ou de centaines de cailloux blancs dans une cour de ferme, sont racontés ici comme autant manifestations de mauvais sorts. L'univers de la sorcellerie est un univers de violence, où les ensorcelés font tout pour survivre à la succession de malheurs qui s’abat sur eux. Mais faut-il vraiment croire en la sorcellerie ? Quelle est la part de subjectivité et de hasard dans ces événements ? Faut-il accepter l’existence de l’indicible et de l’inexplicable ?
La sorcellerie est un univers de violence dans lequel les ensorcelés font tout pour survivre
Voici quelques réponses au micro de Martine Breson. Gilles Morin, agrégé d’histoire, s’est passionné pour l’histoire populaire de sa région, la forêt de Brocéliande. Il raconte comment plusieurs accidents l’ont amené à s’interroger sur le mauvais sort qui les aurait provoqués, sa découverte ensuite d’un objet qui en serait responsable et les conseils reçus pour le désactiver.
Dominique Camus ethnologue, auteur de Pouvoirs sorciers et d’une thèse sur la sorcellerie : "Par définition la sorcellerie fonctionne sur deux principes. D’une part la capacité reconnue pour quelqu’un à avoir un pouvoir magique (...) deuxième point : cette capacité s’exprime par l’intermédiaire de rituels. Les sorciers peuvent agir avec des cercles magiques pour s’isoler, des talismans, des amulettes, pour s’isoler eux-mêmes ou pour protéger leurs clients. Ils ont toujours recours à la fameuse baguette magique, on a bien sûr toujours recours aux poupées d’envoûtement qu’on va percer de clous, d’épingles, etc. (...) Je n’imaginais pas, en tant que chercheur au départ, être obligé de me retrouver par exemple la nuit dans un champ à éventrer une vache pour en prendre le cœur afin ensuite de le percer de clous tout ça pour désenvouter quelqu’un. Ça c’est une image forte."
Le témoignage de l’abbé Isidore Froc, prêtre exorciste
L’abbé Isidore Froc, prêtre exorciste depuis six ans dans le diocèse de Rennes, a travaillé vingt-sept ans dans un hôpital psychiatrique : "Je pars du principe que personne n’a de pouvoir magique sur une autre personne. La sorcellerie de mon point de vue c’est un système d’explication de malheurs qui arrivent dont on ne trouve pas la raison et on cherche cette raison en dehors de soi alors qu’il vaudrait mieux la chercher en soi-même".
- Par Martine Breson
- Avec Dominique Camus (ethnologue ayant enquêté sur la sorcellerie en Bretagne), Gilles Morin et Isidore Froc (prêtre exorciste en Bretagne)
- Le magazine de radio Bleue - Dossier : La sorcellerie en Bretagne (1ère diffusion : 13/01/1989 Radio Bleue)
- Edition web : Véronique Vecten, Documentation de Radio France
- Archive Ina-Radio France
Retrouvez l'ensemble du programme d'archives "La sorcellerie dans la France moderne", proposé par Mathias Le Gargasson.
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