"Le Salon de musique" de Satyajit Ray

"Le Salon de Musique", Satyajit Ray, 1958.
"Le Salon de Musique", Satyajit Ray, 1958. -  Copyright Film Sans Frontières
"Le Salon de Musique", Satyajit Ray, 1958. - Copyright Film Sans Frontières
"Le Salon de Musique", Satyajit Ray, 1958. - Copyright Film Sans Frontières
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En 1989, la collection Ocora Radio France édite la BO du film "Le Salon de Musique" de Satyajit Ray. L’occasion pour le producteur Jacques Dupont de consacrer un numéro d'"Opus" à ce chef d'oeuvre du cinéma (1958), et plus largement à la place de la musique dans l'oeuvre du cinéaste bengali.

Au cours de cette émission "Opus" enregistrée en 1989, à laquelle participe le critique de cinéma Gilles Gourdon, les auditeurs ont pu entendre les propos de Satyajit Ray, interviewé quelques mois plus tôt chez lui, à Calcutta. Il évoque les circonstances qui l'ont amené à tourner Le Salon de musique : "Alors que j’étais alité avec la jambe dans le plâtre, j'ai lu une courte nouvelle d'une dizaine de pages intitulée " Jalsaghar", "Le Salon de musique". Après un petit accident à Bénarès où je suis tombé au bord du Gange , raconte le réalisateur*, je suis resté alité deux mois et demi.*

Il poursuivait : A l’époque, après l'échec de mon film "Aparajito" ("L"invaincu", 1956), je réfléchissais à une histoire potentielle avec de la musique, et j’ai lu une courte nouvelle d'une dizaine de pages, « Jalsaghar », (du romancier bengali Tarasankar Banerjee) . A travers l'histoire d'un aristocrate, patron de la musique, des arts et de la danse, l'écriture du scénario s'est révélée comme une étude sur la décadence du féodalisme. J'ai souhaité alors que toute la musique du film soit de la musique classique indienne , absolument classique".

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"C’est un film qui a eu un succès raisonnable en Inde", considère Satyajit Ray trente ans après le tournage, "nous n’avons pas perdu d’argent, nous en avons même gagné un peu. Mais aujourd’hui encore, je ne comprends toujours pas les raisons de son succès en France et en Occident ! Lorsque j’ai fait ce film, personne n’avait jamais entendu parler du sitariste Ravi Shankar, il est devenu célèbre bien plus tard, tout comme le sitariste Vilayat Khan ou le joueur de sarod (luth) Ali Akbar Khan."

Satyajit Ray évoque également ses méthodes de travail avec les virtuoses de la musique classique indienne, qui n’étaient pas des compositeurs de musiques de films : "Je leur décrivais des climats différents dans la salle de montage, ils choisissaient alors des ragas et ils enregistraient des pièces de trois minutes".

Selon le critique Gilles Gourdon : "La musique de Satyajit Ray n’est pas dans la partition, elle est dans la structure et la composition des images".

Satyajit Ray dévoile enfin les raisons pour lesquelles, à partir de son long-métrage Trois Filles, (1961), il a décidé de composer lui-même la musique de ses films. Des musiques qui, en fonction des sujets, pouvaient s'inscrire dans la pure tradition de la musique indienne ou se situer au contraire au confluent des musiques occidentales et indiennes.

  • Par Jacques Dupont
  • Avec Gilles Gourdon (critique de cinéma) et Satyajit Ray
  • Lecture d'extraits du texte du "Salon de Musique" par Philippe Baury
  • Réalisation Colette Chemama
  • Rédaction web : Sylvain Alzial, Documentation Sonore de Radio France
  • Opus - "Le Salon de Musique" de Satyajit Ray (1ère diffusion : 16/12/1989)
  • Archive Ina-Radio France

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