"Les deux régimes, pluraliste et monopolistique, sont imparfaits mais l'imperfection n'est pas du même type" : épisode 18/19 du podcast "Démocratie et totalitarisme" : un cours de Raymond Aron

Portrait du philosophe français Raymond Aron à Paris.
Portrait du philosophe français Raymond Aron à Paris. ©Getty - Jean-Louis SWINERS/Gamma-Rapho
Portrait du philosophe français Raymond Aron à Paris. ©Getty - Jean-Louis SWINERS/Gamma-Rapho
Portrait du philosophe français Raymond Aron à Paris. ©Getty - Jean-Louis SWINERS/Gamma-Rapho
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Dans cette avant-dernière leçon de conclusion, Raymond Aron s'appliquait à dégager le sens de l'opposition entre les deux types de régimes, régime constitutionnel pluraliste et régime de parti monopolistique dont l'URSS fournissait alors le modèle.

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Pour conclure le cours de sociologie que le professeur Aron consacrait à l'étude de l'aspect politique des sociétés modernes, il s'attache dans cette dix-huitième leçon à analyser le sens de l'opposition entre les deux sortes de régimes constitutionnel-pluraliste et monopolistique et à situer cette opposition dans l'histoire.

L'imperfection des deux régimes est différente en nature

L'antithèse du régime constitutionnel-pluraliste et du régime monopolistique peut être exprimée de quatre manières différentes : opposition de la concurrence et du monopole, de la Constitution et de la révolution, du pluralisme des groupes sociaux et de l'absolutisme bureaucratique, enfin de l'État de partis et de l'État partisan. A partir de cette analyse comparative, il en tire la conclusion que "l'imperfection des deux régimes est différente en nature".

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La suite de cette leçon porte sur les valeurs véhiculées par un Etat de partis et celles liées à un Etat partisan. Raymond Aron n'est pas dupe, s'il ne nie pas les nombreux défauts des partis, il voit de fait une "nécessité abstraite" à leur existence. Ce qu'il voit d'essentiel dans un Etat de partis c'est : la compétition organisée, la participation potentielle de tous les citoyens à l'Etat, la légitimité de la discussion.

Les valeurs de liberté et d'homme nouveau

Il s'interroge ensuite sur les valeurs spécifiques des régimes à parti monopolistique, notamment au sujet de la notion de liberté. De sa réflexion, il déduit qu'"il n'y a pas un sens autre de la liberté pour les régimes de parti monopolistique et pour les régimes constitutionnels pluralistes". Si l'on peut constater que de chaque côté du Rideau de fer chaque régime plaide pour sa doctrine, cela ne donne pas pour autant un sens différent de la liberté. Deuxième temps de sa pensée sur les valeurs spécifiques du régime soviétique, Raymond Aron répond rapidement à la question de l'homme nouveau qu'une société socialiste créerait : "C'est un homme double, [...] ce n'est nullement un homme nouveau. C'est un homme étrangement reconnaissable, c'est l'homme des sociétés industrielles plus une doctrine à laquelle il accorde un mélange de foi, quelques fois de fanatisme, et de scepticisme."

  • Par Raymond Aron
  • Radio Sorbonne - Théories sociologiques des démocraties, aspect politique des sociétés modernes par Raymond Aron 18/19 (1ère diffusion : 12/05/1958 Radio Sorbonne)
  • Archive Ina-Radio France

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