

"Jean Genet aimait beaucoup les papiers découpés de Matisse et son poète préféré était Gérard de Nerval", Lydie Dattas dans "Hors-champs", en 2010, racontait le Genet qu'elle avait bien connu et à qui elle avait consacré un livre : "La Chaste Vie de Jean Genet".
- Jean Genet écrivain français (1910-1986)
- Lydie Dattas Ecrivain, poètese
En 2010, dans le cadre d'une série consacrée à Jean Genet, la poétesse Lydie Dattas raconte, au micro de Laure Adler, son amitié avec l'écrivain qui donna naissance au livre La Chaste Vie de Jean Genet, paru en 2006 . Elle rappelle que leur relation débuta par ces mots de Jean Genet, "je ne veux plus voir cette Lydie Dattas, elle me contredit tout le temps".
Une amitié, marquée par la brouille mais surtout par la réconciliation, dont elle relate les commencements, alors qu'elle vivait avec Alexandre Romanès :
J'ai eu le sentiment de voir un père abbé. Je ne savais pas que c'était Genet. Ma première impression c'était que j'avais à faire à un religieux d'un ordre haut placé.
L'entretien avec Lydie Dattas est entrecoupé de plusieurs archives de Jean Genet (extraites de l’entretien avec Bertrand Poirot-Delpech en 1982), dans l'un de ces extraits il évoque son style et celui de Louis-Ferdinand Céline :
Il fallait d'abord séduire l’intelligentsia française. Les choses si singulières, si particulières [que je voulais dire] je ne pouvais les dire que dans un langage connu de la classe dominante, celle que j'appellerai tortionnaire, ceux que j'appelle 'mes tortionnaires'. Il fallait qu'ils m'entendent et pour cela il fallait les agresser dans leur langue. Si je les avais agressés immédiatement en argot, ils ne m'auraient pas écouté. (...) Pour l'argot il fallait un docteur, médecin des pauvres, Bardamu, qui ose écrire l'argot. Le détenu que j'étais ne pouvait pas faire ça, il fallait utiliser la langue du tortionnaire.
Selon Lydie Dattas :
Aujourd'hui Jean Genet est mal perçu. On ne fait pas le lien entre son œuvre et l’œuvre de Nerval, il est toujours tiré du côté du noir, alors qu'il y avait l'ombre et la lumière chez Genet, comme il ne dit lui-même. On va toujours le chercher du côté le plus provocateur ou spectaculaire. Ce qui, à mon avis est une erreur. Pour lui, la langue était quelque chose de sacré, cela touchait à la transcendance et comme aujourd’hui on a évacué Dieu, par ricochet on a évacué une part de Genet.
Sur la relation au religieux de Jean Genet :
C'est un être profondément religieux, qu'on veuille l'entendre ou non, si l'on entend le terme dans son sens le plus subtil. Il y avait un mystère pour lui dans la vie. La beauté était un mystère. Il était un peu le prêtre de ce mystère. C'est pour cela aussi que la science l'intéressait si peu, aujourd'hui les gens ont remplacé Dieu par les autos, par les fusées... évidement c'est un autre univers.
Elle pense qu'il y a un malentendu sur la perception qu'il donnait de lui-même :
Il y a un malentendu, par exemple il aimait beaucoup les papiers découpés de Matisse et son poète préféré était Gérard de Nerval, un écrivain d'une délicatesse incomparable.
- Production : Laure Adler
- Réalisation ; Didier Lagarde
- Hors champs - Lydie Dattas (1ère diffusion : 22/11/2010)
- Indexation Web : Sandrine England, Documentation sonore de Radio France
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