

Pour ouvrir le programme d'archives de sa "Nuit rêvée", la metteuse en scène Marie-José Malis a réuni Klaus Michael Grüber, le génie fou d'Hölderlin, Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, et Tadeusz Kantor. Dans ce premier entretien elle commente ces choix. Entretien 1/3 par Albane Penaranda.
- Marie-José Malis metteur en scène
Pour le programme d'archives de sa Nuit rêvée, la metteuse en scène Marie-José Malis a réuni Jacques Lacan, avec une introduction d'Alain Badiou, le génie fou d'Hölderlin, Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville, deux figures mythiques du théâtre - Tadeusz Kantor et Klaus Michael Grüber - et le tout aussi mythique Fernandel.
Marie-José Malis a voulu également que nous soient racontées l'histoire de l'immigration espagnole dont elle-même est une enfant et, comme en écho, la condition des immigrés d'aujourd'hui venus de l'Afrique subsaharienne. Elle a choisi aussi de revenir sur le meurtre de Pierre Overney, tué en plein cœur de la balle d'un vigile de la Régie Renault en 1972. Ce programme, qui mêle aux destinées des plus déshérités, des plus fragiles, d'hier et d'aujourd'hui, les voix d'artistes, de poètes et d'intellectuels parmi les moins soumis, est sans doute à l'image de celle pour qui il ne peut être question de s'accommoder du monde tel qu'il est. "Mon intention n’est pas de le diviser. Je ne suis pas arrogante. Mais je suis prête à payer le prix de cette division " dit-elle.
Elle explique :
D'abord les nouveautés de la pensée, comme les nouveautés de l'art, provoquent des réactions qui leur sont contraires et ce que l'on appelle une division, un clivage. Cela me parait la moindre des choses et au fond je crois même que c'est la malédiction des intellectuels que de ne pas l'envisager comme la moindre des choses, et d'être apeurés à l'idée de diviser. Cela est un enseignement que je tiens de Pasolini, qui considérait qu'être hérétique, subversif, la belle affaire, c'est le travail des intellectuels depuis Socrate.
S'il est arrivé que ses mises en scène divisent, faut-il s'en étonner ? Diviser, n'est-ce pas souvent le lot de ceux qui ont l'ambition de rassembler ? Avec la volonté, fièrement revendiquée, d'y défendre un théâtre "pour tous" porté par les plus hautes exigences, Marie-José Malis a pris en 2014 la direction du théâtre de La Commune d'Aubervilliers. Cette Nuit en sa compagnie est l'occasion de mieux cerner ce que peut être aujourd'hui ce "pour tous" du théâtre. Par elle, qui croit "à l’égalité de tous devant la beauté", l'occasion d'entendre ce qu'est le sens de la mission qu'elle s'est donnée : faire, ou refaire, du théâtre de La Commune "un théâtre comme seul lieu public constituant qu’il nous reste". Après Hypérion d'Hölderlin et La Volupté de l'Honneur de Pirandello, Marie-José Malis nous dit ici en quoi monter à présent le Dom Juan de Molière est pour elle "une décision étrange et bouleversante".
Ecouter la deuxième partie de l'entretien, la dernière.
- Par Albane Penaranda
- Réalisation : Virginie Mourthé
- Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
- Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
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