Épisode 3/12 : Marie-Madeleine Davy : "Pour Chestov il fallait faire l'alliance avec le fond, avec quelque chose de l'homme qui n'a pas de nom"

"Ah, Chestov et les questions qu’il sait poser, la mauvaise volonté qu’il sait montrer, l’impuissance à penser qu’il met dans la pensée."… C'était Gilles Deleuze qui écrivait ces mots dans Différence et répétition. S'il n'est pas aujourd'hui le plus célèbre des philosophes du vingtième siècle, Léon Chestov n'en a pas moins marqué bon nombre de ses intellectuels importants, inspirés même certains d'entre eux, philosophes, romanciers ou dramaturges.

En 1992, Olivier Clément et Marie-Madeleine Davy rappelaient, en vingt petites minutes, qui fut Léon Chestov, né à Kiev en 1866, mort à Paris en 1938, qui, évoquant Hamlet, présentait Shakespeare comme son premier professeur de philosophie : "C’est lui qui m’a appris cette chose si énigmatique et inconcevable, et en même temps si dangereuse et inquiétante : le temps est sorti de ses gonds".

Dans cette archive, Olivier Clément présente Chestov comme un des inspirateurs de la pensée existentielle, dont l'œuvre est une bonne pédagogie pour ouvrir l'homme au mystère. Selon lui :

Chestov on pourrait le définir comme un "philosophe au marteau". Il brise les grands systèmes pour mettre l'homme à nu dans sa détresse, dans son manque, dans son élan, pour ouvrir à la révélation. Chestov est indispensable face à toutes les rationalités qui deviennent rationalisme.

Et Marie-Madeleine Davy d'ajouter :

Pour Chestov il fallait faire l'alliance avec le fond, avec quelque chose de l'homme qui n'a pas de nom.

• Production : Michel Cazenave
• Réalisation : Hélène Hortin
• Les chemins de la connaissance - 1870-1950 : le renouveau de la pensée orthodoxe 4/5 : Léon Chestov ou l'épreuve de l'Enfer
• Avec Marie-Madeleine Davy et Olivier Clément
• 1ère diffusion : 18/06/1992