Matthieu Galey : "Dans son Journal, Anaïs Nin, à travers elle-même, sait regarder les autres"

Matthieu Galey, journal intégral, 1953-1986
Matthieu Galey, journal intégral, 1953-1986 - Editions Robert Laffont, coll. Bouqins
Matthieu Galey, journal intégral, 1953-1986 - Editions Robert Laffont, coll. Bouqins
Matthieu Galey, journal intégral, 1953-1986 - Editions Robert Laffont, coll. Bouqins
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C'est en compagnie de Geneviève Galey, sœur de Matthieu Galey, que Philippe Garbit inaugure cette "Nuit spéciale - Journal intime" à l'occasion de la parution de celui de Matthieu Galey dans la collection Bouquins.

Philippe Garbit ouvre cette "Nuit spéciale - Journal intime" avec Geneviève Galey, sœur de Matthieu Galey, à l'occasion de la parution du Journal intégral, 1953-1986 de Matthieu Galey dans la collection Bouquins.

Journal intime, le Journal de Matthieu Galey, publié en version intégrale dans la collection Bouquins ? A coup sûr, mais aussi journal littéraire, galerie de portraits plus ou moins flatteurs, réflexion sur la vie éditoriale et journalistique, les compromissions, la maladie… Journal intime, celui de Maître Maurice Garçon, qui paraît en poche chez Perrin, dans la collection Tempus ? Stricto sensu, non… mais ce journal de la guerre 1939-1945 en dit aussi beaucoup sur l’homme et son milieu, antisémite mais anti-pétainiste, détestant le nazisme et défendant de jeunes résistants. Les journaux sont toujours intimes, par ce qu’ils révèlent volontairement ou involontairement.

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En compagnie de Geneviève Galey, sœur de Matthieu Galey puis de Pascale Froment, éditrice du Journal de Maurice Garçon, nous évoquerons cette étrange passion quotidienne qu’est la tenue d’un journal-passion que les archives illustreront par les exemples de Benjamin Constant, des frères Goncourt, de Jules Renard, André Gide, etc…

Dans le premier entretien donné cette nuit par Geneviève Galey, à propos du journal intime de son frère, Matthieu Galey, réédité dans la collection Bouquins, (Matthieu Galey, journal intégral, 1953-1986) il est question de la surprise causée par la découvertes des écrits de son frère. Elle explique qu'elle a eu accès à ce journal, peu de temps avant sa mort. Son frère Matthieu avait décidé de relire, de classer, de corriger ses écrits intimes et lui avait demandé son aide :

Je suis tombée des nues, je ne connaissais pas du tout le monde homosexuel ni la vie, de l'époque, des homosexuels. Quand j'ai fait taper cela par mon assistante, j'ai scotché un certain nombre de pages pour qu'elle ne les tape pas, me disant je ne peux pas lui montrer des choses pareilles ! On a découvert cela après coup, mes parents aussi...

Plus loin :

Je pense que Matthieu dès le départ voulait que ces pages soient publiées. Il avait mis des croix devant les paragraphes qu'il voulait conserver absolument. La maison Grasset avait coupé la partie qui les gênait, qui concernait le monde de l'édition. De notre côté avec mon père, on avait éliminé un certain nombre de paragraphes très privés, un peu "hard". Il ne faut oublier que mon père était né en 1904, il avait 80 ans quand ce journal est paru. Donc c'était un choc de civilisation. Il savait parfaitement que son fils était homosexuel mais on ne parlait pas de ces choses-là.

Cet entretien est illustré d'une archive avec la voix de Matthieu Galey. Critique dans l'émission "Le Masque et la plume" le 11 janvier 1970, il parlait d'une autre diariste célèbre, Anaïs Nin, dont une partie du Journal était publié cette année-là. Son évocation du Journal d'Anaïs Nin, donne un écho particulier au sien qui paraîtra presque deux décennies plus tard :

Anaïs Nin est vraiment tournée vers l’intérieur d'elle-même, c'est quelqu'un qui a certainement, depuis son enfance, été considérée comme un génie par sa famille et qui est intimement persuadée elle-même qu'elle est un génie. Elle s'est intéressée passionnément à son propre personnage. Mais en même temps, il est manifeste que cette femme a un rayonnement et un charme qui passe à travers le livre. [...] Mais en même temps, à travers elle-même, elle sait regarder les autres.

  • Production : Philippe Garbit
  • Réalisation : Virginie Mourthé
  • Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France

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