Premier entretien de Mohamed El Khatib, pour sa "Nuit rêvée", le dramaturge et metteur en scène revient sur son parcours, ses thèmes d'inspiration et son choix d'archives : de Barthes à Bourdieu en passant par Fernand Deligny.
- Mohamed El Khatib Metteur en scène
A l’origine des projets que Mohamed El Khatib écrit et met en scène, il y a presque toujours une rencontre. Avec une femme de ménage (Moi, Corinne Dadat), avec des supporters de foot (Stadium), avec un cinéaste (Conversation avec Alain Cavalier), avec deux comédiens qui ont vécu la perte d’un enfant (C’est la vie). Des spectacles en forme de « fictions documentaires », qui sont autant de manière de faire résonner écriture de l’intime et écriture théâtrale, histoires individuelles et Histoire collective, expériences de l’auteur, des acteurs et du spectateur.
Les voix qu’il a choisi de nous faire entendre dans sa « Nuit rêvée » sont celles de ceux qui nourrissent son travail : celle de Roland Barthes, dont le Journal de deuil inspira l’écriture de l’un de ses tout premiers spectacles, Finir en beauté, dans lequel il racontait la mort de sa mère ; celle du poète Mahmoud Darwich et la mélodie de ses poèmes lus en arabe, la langue de ses parents ; celle d’Alain Cavalier racontant la genèse de son film Irène, autre récit de deuil ; celle de Fernand Deligny, dans les écrits duquel il puise ; celle de Pierre Bourdieu, découvert pendant ses études en sociologie ; celle du metteur en scène Rodrigo Garcia, dans une lecture à Avignon en 2005 ; celle, enfin, du sous-commandant Marcos, un héros de jeunesse que l’on entendra dans une émission consacrée au zapatisme. Il nous dit de quelle façon chacune de ces voix compte pour lui, et comment il s’est construit à leur écoute.
A propos de sa pièce Finir en beauté :
Si je prends l'exemple du deuil, quand vous perdez quelqu'un, d'un coup il y a une contraction du temps. La mort vient, elle tranche le quotidien, et c'est un tourbillon, et quand vous êtes dans ce tourbillon, à la fois vous devez faire face à des choses très prosaïques, complètement hétérogènes... une déclaration de soutien, un message administratif, vous devez régler les problèmes de rapatriement du corps, c'était le cas pour ma mère. En même temps c'est le moment où vous faites un point sur votre vie, sur votre famille, sur la question de la transmission. Cette réalité du deuil on ne peut l'attraper que par petits bouts, par petites touches impressionnistes. Et je ne sais pas faire autrement en vérité je serais incapable d'écrire un roman, et c'est ce qui me parait le plus juste pour essayer de rendre compte de m'approcher d'une réalité, de la cerner par bribes, à sauts et à gambades de façon un peu aléatoire. Une fois que j'ai tous ces fragments, alors j'essaie de reconstruire quelques chose, de remettre en ordre ces débris.
Les spectacles de Mohamed El Khatib en tournée, dates à venir :
- Finir en beauté : du 26 avril au 5 mai à La Comédie / CDN St-Etienne ; du 16 au 18 mai au Théâtre Garonne / Toulouse ; le 29 mai – Vitrolles ; les 30 et 31 mai au Théâtre du Bois de l’Aune / Aix en Provence
- Stadium : du 10 au 14 avril au Grand T, Nantes ; le 26 mai au POC (Pôle culturel) / Alfortville ; le 2 juin à Grenay ; les 8 et 9 juin au Théâtre du Bois de l’Aune / Aix en Provence
- C’est la vie : les 15 et 16 mai à la Scène nationale de Narbonne
Bibliographie :
- Mohamed El Khatib, photographies de Yohanne Lamoulère, Stadium, Ed. Les Solitaires intempestifs, 2017
- Mohamed El Khatib, Pièce en 1 acte de décès, L’L éditions, 2014
- Mohamed El Khatib, photographies de Marion Poussier, Corps de ballet, Filigranes Editions, 2014
Ecouter la suite de l'entretien avec Mohamed El Khatib, et la fin.
- Production : Mathilde Wagman
- Réalisation : Virginie Mourthé
- Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
- Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
L'équipe
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