Nuits magnétiques - La mémoire des pierres (1ère diffusion : 18/06/1979)

Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle
Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle - Arlette Farge
Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle - Arlette Farge
Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle - Arlette Farge
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Par Franck Venaille - Avec Martine Franck et Arlette Farge - Réalisation Marie-France Nussbaum

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Nous sommes ce soir avec Alain VEINSTEIN dans le quartier Beaubourg avec Franck VENAILLE, puis dans le Paris du 18ème siècle avec Arlette FARGE.

Un intervenant parlera de la reconstruction du quartier Beaubourg. L'objectif est de faire quelque chose qui s'intègre dans l'ensemble environnant. Le nom de l'opération est : Quartier de l'Horloge. Le projet ne conserve qu'un certain nombre de façades sur la rue Saint Martin, il remplacera un îlot insalubre. L'intervenant affirme que les habitudes de vie des habitants ne seront pas changées, ils éviteront simplement les embouteillages de la rue Saint Martin en circulant à travers la PIAZZA de Beaubourg. L'intervenant évoque la disparition de la prostitution traditionnelle.

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Le Quartier de l'Horloge est un endroit où l'on pourra venir se promener, se cultiver, acheter. Il y aura lorsque tout sera fini des milliers de gens qui voudront se promener dans le quartier, où il y aura toujours quelque chose à voir.

Alain VEINSTEIN présente Arlette FARGE, attachée de recherche au CNRS. Elle vient de publier chez Gallimard Julliard un livre intitulé Vivre dans la rue à Paris au 18ème siècle. Il s'agit d'un recueil de textes qu'elle présente. Elle s'interroge sur la rue. A travers les témoignages, elle a certes vu le malheur de la rue, mais également sa vitalité et sa force qu'elle a voulu restituer.

Son livre s'articule en trois parties : la rue pour vivre, s'approprier l'espace, le contrôle de la rue. Au 18ème siècle Paris était mi-urbain, mi-agricole. Les grands boulevards équivalaient au boulevard périphérique. Bourgeois et pauvres cohabitaient dans les mêmes immeubles, ce n'est qu'à la fin du 18ème siècle que les riches ont construit vers l'ouest. Au 18ème siècle la rue est une manière de vivre, de mourir, de subsister, de chercher la vie, de rencontrer sans cesse l'inconnu. Les statistiques d'abandons d'enfants au 18ème siècle étaient effrayantes. La Seine n'est plus rien de ce qu'on connaît. Elle charriait de nombreux membres et corps. Les médecins, acharnés à faire de l'anatomie, allaient retirer des débris humains dans les cimetières la nuit, puis les jetaient.

La rue était l'espace essentiel des gens, même les maisons étaient ouvertes sur la rue. Seule la bourgeoisie avait une intimité. L'amusement était également présent, les gens dansaient partout. Les exécutions attiraient beaucoup de monde, on y allait pour s'amuser. Au 18ème siècle, la rue était un endroit où l'on se protégeait mutuellement, la police avait du mal à s'y infiltrer. La solidarité entre voisins était très forte. La violence était présente, c'est un moyen d'expression populaire. Les métiers ambulants possédaient l'espace de la rue : porteurs d'eau, vendeurs, petits commissionnaires, blanchisseuses. Les soldats étaient recrutés par tirage au sort, ou saoulés dans un cabaret par l'officier recruteur. Au 18ème siècle la prostituée était aimée du public, faisait partie du paysage. Les gens ont résisté avant que la rue leur soit reprise.

  • Par Franck Venaille
  • Avec Martine Franck et Arlette Farge
  • Réalisation Marie-France Nussbaum
  • Nuits   magnétiques - La mémoire des pierres (1ère diffusion : 18/06/1979)
  • Archive INA-Radio France

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